La FNTP publie une cartographie des infrastructures soumises aux aléas climatiques

InfraClimat permet de croiser routes, ponts et stations d'épuration avec cinq aléas climatiques et a pour but de sensibiliser les territoires à la nécessité d'investir pour préserver ces infrastructures. Cette plateforme en accès libre complète une étude de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP) sur les investissements climatiques des territoires.

La Fédération nationale des travaux public (FNTP) a lancé début avril InfraClimat, une plateforme permettant de croiser infrastructures et risques climatiques. Gratuite, la plateforme cartographique vise selon la fédération à aider les décideurs des collectivités à "prendre conscience des risques" et à les inciter à investir dans la protection et l'adaptation des infrastructures face au changement climatique. Une démarche qui fait écho aux injonctions du Cerema à agir dès maintenant (voir notre article du 10 avril 2024) ou encore au cri d'alarme des sénateurs sur les ponts (voir notre article du 14 mars 2024)

Inondations et vague de chaleur

Concrètement, cinq aléas climatiques ont été retenus par la plateforme. Les submersions marines qui menacent les routes, habitations et infrastructures du littoral. Les vagues de chaleur dont la fréquence et l'intensité croissantes pèse sur les infrastructures routières. Les sécheresses qui impactent les infrastructures et fragilisent les réseaux. Le retrait gonflement d'argile qui provoque des mouvements de terrain et enfin les inondations qui fragilisent les ouvrages d'art, impactent les réseaux d'eaux pluviales et entraînent des pollutions. Pour chaque risque, une note méthodologique précise ses sources – la base Géorisques du BRGM, les données d'Eau de France et du Cerema principalement - les données exploitées ou écartées ainsi que les difficultés rencontrées pour établir l'indicateur retenu. 

Un diagnostic sommaire

L'affichage des informations peut être réalisé à l'échelle d'une région, d'un département ou d'une agglomération et se focalise sur trois catégories d'infrastructures : les routes, les ponts et les stations d'épuration. Une dizaine de croisements sont possibles entre les aléas et les infrastructures tels que route et submersion, ponts et sécheresse, stations d'épuration et inondations... Après avoir sélectionné un territoire et un aléa, les données s'affichent sous forme de cartographie interactive. La plateforme propose aussi un diagnostic sommaire de vulnérabilité du territoire avec la surface exposée au risque considéré, le pourcentage de routes ou encore d'établissements critiques exposés (écoles, hôpitaux, Ephad). Le rapport peut être exporté en PDF.

Cartographie des investissements climatiques 

Ces informations sont complétées par des recommandations opérationnelles et une localisation des investissements climatiques des collectivités, inventaire réalisé avec l'appui de la plateforme de marchés publics Vecteur plus. Cette étude, objet d'un livre blanc publié par la FNTP en décembre 2023, montre qu'entre 2013 et 2022, sur la base de 4.000 appels d’offres publics en lien avec l’adaptation climatique, 2,7 milliards d’euros ont été investis annuellement par les territoires. Un chiffre en hausse constante depuis 2017 jusqu'à atteindre 3,5 milliards d’euros en 2022. Le risque d’inondations est celui qui concentre la plus grande part des investissements de travaux (33%) au cours des 10 dernières années, devant la sécheresse et les vagues de chaleur. La progression des montants par habitant concerne par ailleurs toutes les régions.

La FNTP constate cependant que les sommes investies restent loin des 10,6 milliards d'euros de sinistres déclarés en 2022 aux assureurs (toutes catégories confondues) et la facture pourrait s'alourdir considérablement, comme l'a mis en exergue un récent rapport remis au gouvernement (voir notre article du 2 avril 2024). L'Ademe a ainsi estimé dans une étude récente que si aucune politique d'adaptation est mise en œuvre le réchauffement climatique pourrait coûter plus de 260 milliards d’euros par an d’ici la fin du siècle.