La liquidation de Brandt, dernier fabricant de gros électroménager en France, suscite la consternation

L'annonce de la liquidation de Brandt, ce 11 décembre, a suscité une vague de consternation parmi les collectivités qui s'étaient mobilisées aux côtés de l'Etat pour soutenir un projet de reprise en Scop. Le temps leur a manqué, dénoncent-elles.

La proposition de reprise du dernier fabricant français d’électroménager Brandt en Scop (société coopérative et participative) n’aura pas convaincu les banques. Jeudi 11 décembre, le tribunal des activités économiques de Nanterre a prononcé la liquidation judiciaire du groupe qui s’éteint après une histoire de cent ans, en laissant quelque 700 salariés sur le carreau, à quelques jours de Noël. Les ministres de l’Economie et de l’Industrie Roland Lescure et Sébastien Martin ont fait part de leur "profonde tristesse", après cette décision. "Nous avons fait feu de tout bois en soumettant 5 millions d’euros de soutien pour permettre une reprise. Les collectivités se sont aussi mobilisées. Malgré cela, les autres acteurs indispensables n’ont pas souhaité se positionner", ont regretté les deux ministres, en faisant allusion aux banques.

Le 2 décembre, Sébastien Martin avait en effet lancé un appel aux investisseurs pour soutenir un projet de reprise en Scop aux côtés des collectivités, notamment la région Centre-Val-de-Loire et la métropole d'Orléans où se trouve le principal site industriel de Brandt avec 350 salariés, mais aussi la région Ile-de-France où se situe le siège social du groupe. Un apport compris entre 20 et 25 millions d'euros au total était nécessaire pour relancer l'activité. "Il nous manquait quatre millions" d’euros, s’est indigné le maire d’Orléans Serge Grouard, regrettant un manque de temps pour boucler le tour de table. "Je suis vraiment furieux, parce que nous les collectivités locales, nous avons été prévenues le 27 novembre, il y a quelques jours, qu'il n'y avait pas d'offre sur la table, alors que le redressement judiciaire date du 1ᵉʳ octobre. On a perdu deux mois", a pesté l'élu au micro de LCI. "C'est plus qu'un gâchis. C'est une pétaudière. Et c'est un système qui ne fonctionne plus, qui est vérolé." "C'est une terrible nouvelle, un choc et un coup très dur porté à l'industrie française", a pour sa part déclaré à l'AFP le président de la région Centre-Val de Loire François Bonneau, qui accompagnait Serge Grouard, à la rencontre des salariés.

"Le modèle Scop s’impose pourtant comme une solution solide"

"Le département sera aux côtés des salariés et de leurs familles, et je serai personnellement attentif à l’accompagnement social, ainsi qu’à la mobilisation générale de tous les acteurs du Vendômois, pour le reclassement des salariés et plus généralement pour l’avenir de ce site industriel", a pour sa part affirmé le président du conseil départemental de Loir-et-Cher Philippe Gouet dans un communiqué, sachant que Brandt possède également une usine de 100 salariés à Saint-Ouen, près de Vendôme (Loir-et-Cher).

En dehors de ses deux usines du Centre-Val-de-Loire, le groupe - qui commercialise aussi des produits sous les marques Vedette, Sauter et De Dietrich - est implanté en Ile-de-France où il a donc son siège social à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) mais aussi un centre de service après-vente à Cergy-Pontoise (Val-d'Oise). 250 salariés y sont concernés. La région, qui avait présenté au tribunal "un soutien d’un million d’euros pour sécuriser la continuité de l’activité", a dénoncé, dans un communiqué, une décision "d’une grande brutalité". Elle indique qu’elle va "déployer tous ses efforts pour accompagner une reprise du site offrant des opportunités de reclassement aux salariés et assurant un devenir industriel au site", avec le concours de la SEM Investissements et territoires.

La réussite de la reprise de Duralex en Scop l’année dernière avait suscité une vague d’espoir chez les salariés. "Au-delà du cas particulier de Brandt, cette décision fait perdre une opportunité majeure pour la réindustrialisation", a réagi la Confédération générale des Scop, dans un communiqué. "Le modèle Scop s’impose pourtant comme une solution solide et éprouvée pour les reprises industrielles : ni revendable, ni délocalisable, il garantit l’ancrage territorial de l’activité et sécurise les investissements publics comme privés ; il renforce structurellement les fonds propres, orientant l’entreprise vers la stabilité de long terme et son fonctionnement démocratique favorise l’implication des salariés." 

 

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