La voie étroite du satellite souverain en orbite basse

Le directeur général d'Eutelsat a détaillé devant la commission des affaires économiques du Sénat le 3 décembre 2025 la stratégie du seul opérateur satellitaire européen face aux géants américains. L'occasion pour les représentants des territoires de mieux connaître le positionnement de cette technologie par rapport aux technologies terrestres et d'évoquer le cas de Mayotte.

Eutelsat était jusqu'à présent connu des territoires pour ses solutions satellitaires proposées "en attendant la fibre". Ces offres reposent sur 34 satellites géostationnaires mais leur attrait tend à décliner. En rachetant OneWeb, Eutelsat est devenu un acteur majeur dans le domaine des constellations en orbite basse. 

Seule offre souveraine opérationnelle

"Nous sommes la seule alternative européenne souveraine et opérationnelle", a souligné Jean-François Fallacher, patron d'Eutelsat depuis juin 2025. La constellation OneWeb, avec ses 650 satellites placés à 1.200 km de la terre, fait cependant figure de nain face à Starlink – qui envisage d'envoyer 30.000 satellites – bientôt rejoint par Kuiper d'Amazon et un acteur chinois. 
Face à cette concurrence féroce, l'opérateur n'a pas manqué de dire qu'il avait besoin d'un soutien public, au-delà de la recapitalisation récente de 1,5 milliard qui fait de l'État le premier actionnaire et d'un récent contrat obtenu auprès de la DGA. Il a fait remarquer que Starlink avait bénéficié de 15 milliards de dollars de subventions du gouvernement américain. Et de s'étonner qu'Air-France ait choisi Starlink pour connecter ses avions…

Connexion des trains

Positionné sur le segment entreprise, défense et gouvernement, le dirigeant a déclaré que One Web n'envisageait "pas d'aller sur le segment grand public". Il n'est pas non plus prévu de passerelle vers la 5G. Pour les territoires et les RIP, c'est plutôt une bonne nouvelle car le satellite en orbite basse ne devrait pas concurrencer la fibre. A ceci près que Starlink est très offensif sur ce marché, allant jusqu'à "distribuer gratuitement ses terminaux" a fait remarquer l'ancien DG d'Orange France. En termes d'aménagement du territoire, on notera aussi l'intérêt de ces solutions pour améliorer la qualité des connexions dans les trains. L'observatoire de la couverture mobile de l'Arcep place en effet toujours les lignes de train parmi les moins bien notées en termes de connectivité.

Iris² pas avant 2030

Eutelsat est aussi un partenaire majeur du projet Iris² (ou Iris carré), le projet de constellation souveraine porté par la Commission européenne. Eutelsat, SES et Hispasat y investiront 4 milliards d'euros aux côtés de 6,6 milliards de fonds publics européens. Victime de retards en série et de l'interrogation de plusieurs pays européens désireux d'avoir leur propre constellation, elle ne sera cependant opérationnelle "qu'après 2030". Elle intégrera dès son lancement des usages régaliens en proposant des solutions de connectivité, fonctionnant partout, en cas de crise ou de catastrophe naturelle.

Mayotte desservie en 2026

Les sénateurs n'ont pas manqué d'interroger Eutelsat sur son absence à Mayotte, le gouvernement s'étant tourné vers Starlink pour connecter les victimes du cyclone Chido (notre article du 28 mars 2025). Réponse : les constellations satellitaires reposent sur des satellites qui font le tour de la terre en 2h mais aussi sur des stations de base avec 8 à 12 antennes reliées à internet par des liens fibre. Or, si l'opérateur dispose déjà de 41 implantations dans le monde, il lui en manque encore 3 pour couvrir la totalité du globe. Et parmi les zones blanches, dont la résorption est prévue pour 2026, figure Mayotte en attente du raccordement d'un site en Tanzanie. 

 

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