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Patrimoine - L'archéologie préventive veut se faire connaître du grand public

L'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), organise, le samedi 5 juin, la première "Journée de l'archéologie". Les Français sont invités à venir découvrir les réalisations, les techniques et les métiers de l'archéologie - et plus particulièrement de l'archéologie préventive - dans 128 musées et sites archéologiques, ces derniers étant ouverts au public pour l'occasion. Celui-ci pourra ainsi parcourir un véritable chantier de fouilles archéologiques. Par ailleurs, l'Inrap s'est associé à la chaîne Arte, qui consacrera, ce jour-là, l'essentiel de son temps d'antenne - pas moins de sept heures d'émissions ! - à l'archéologie, et plus spécialement à l'archéologie de sauvetage et à l'archéologie préventive, en diffusant quatre documentaires inédits et sept courts films d'animation inédits, et en rediffusant plusieurs documentaires sur l'archéologie de sauvetage au Moyen-Orient. Au rang des actions symboliques, il sera également procédé au déterrement du "Déjeuner sous l'herbe" du plasticien Daniel Spoerri (en l'occurrence les restes d'un banquet d'une centaine de convives - tables comprises - organisé le 23 avril 1983 à Jouy-en-Josas dans les locaux où devait s'installer la Fondation Cartier). Une façon originale de mettre en valeur les techniques de l'archéologie préventive...
Cette soudaine exposition médiatique d'un organisme jusqu'alors plutôt discret est l'occasion de faire découvrir l'archéologie préventive et les activités de l'Inrap, qui réalise plus de 200 fouilles par an et sonde plus de 10.000 hectares. Mais c'est aussi l'occasion - même si cet objectif n'est pas ouvertement affiché - de prendre à témoin l'opinion pour s'en faire un allié face à ce que le monde de l'archéologie préventive considère comme des menaces, voire des attaques à son égard (voir nos articles ci-contre). Il est vrai que plusieurs mesures récentes ont été, à tort ou à raison, mal ressenties. Le projet de déconcentration de l'Inrap à Reims - qui semble au demeurant au point mort - a ainsi été perçu comme une marque de défiance et a suscité une forte mobilisation au sein de l'organisme. Mais c'est surtout le feuilleton du raccourcissement des délais des fouilles préventives qui a créé des tensions avec les élus. Après diverses tentatives - contrées à l'époque par la ministre de la Culture -, ce raccourcissement s'est finalement concrétisé dans la loi du 17 février 2009 pour l'accélération des programmes de construction et d'investissement publics et privés, votée dans le cadre du plan de relance. En contrepartie, un décret du 1er décembre 2009 a créé des "contrats d'activité" - sorte de CDD ad hoc calés sur la durée du chantier - qui permettent de faire face à l'accélération des fouilles préventives (voir notre article ci-contre du 8 décembre 2009). Au-delà de ces aspects juridiques, cette première journée de l'archéologie doit aussi mettre en avant l'intérêt et l'utilité collective de l'archéologie préventive, face au discours de certains élus qui y voient surtout un obstacle - parfois coûteux - au bon déroulement de certains chantiers d'aménagement urbain.

 

Jean-Noël Escudié / PCA
 

 

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