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Environnement - L'association Générations futures publie une première "carte de France des victimes de pesticides"

"Notre commune est exposée aux pulvérisations de pesticides au ras des habitations, d'une école et d'un gymnase." "Petit à petit, les bois autour de mon habitation ont laissé place à l'agriculture intensive". "Nous avons été recouverts par un brouillard de pulvérisation de pesticides." "L'un de nos voisins du lotissement a développé un lymphome. C'est le quatrième cas dans notre village en cinq ans." Ces témoignages de victimes avérées ou présumées de pesticides ont été recueillis par l'association Générations futures qui a mis en ligne le 21 avril une "carte de France des victimes" de ces substances. Environ 200 témoignages d'agriculteurs ou de riverains de propriétés agricoles figurent déjà sur la carte et 200 autres signalements sont en cours de validation.

Témoignages de riverains ou de professionnels

L'objectif de cette initiative est de "rendre visibles les victimes de pesticides et qu'ensuite, on prenne des mesures de protection vis-à-vis de ces populations", a expliqué une responsable de l'ONG, Nadine Lauverjat, au cours d'une conférence de presse. "Toutes les zones de France en culture intensive sont touchées", a-t-elle souligné.
Sur le site www.victimes-pesticides.fr, il suffit de cliquer sur la carte pour avoir accès aux témoignages, écrits ou par vidéo, validés par leurs auteurs. La plupart des témoignages proviennent de riverains qui s'expriment anonymement. Ils font état de problèmes de santé plus ou moins graves ou de conséquences sur leurs cultures qu'ils imputent aux pesticides. "J'habite à moins de 50 mètres d'une vigne avec des pulvérisations plusieurs fois par semaine. Nous ressentons des maux de tête et une fatigue répétée après les épandages", écrit "Madame Y". "Des centaines d'abeilles sont mortes et gisent devant la planche d'envol, s'agit-il de pesticides ?", se demande "Monsieur X". "Après les pulvérisations" de produits phytosanitaires sur des pommiers tout proches, "nous ressentons des problèmes respiratoires, des irritations et des démangeaisons. Mon père est décédé d'un lymphome", "Nous n'osons plus faire de potager" et l'odeur est "très désagréable et irritante", expliquent d'autres riverains.

Zone tampon

Parmi la vingtaine de témoignages d'exploitants et salariés agricoles figurent ceux d'agriculteurs dont la maladie a été reconnue maladie professionnelle ou est "en cours de reconnaissance professionnelle", comme pour Jean-Marie Desdion, un céréalier qui a contracté un myélome. "Aujourd'hui, on obtient assez facilement une reconnaissance de maladie professionnelle ou d'accident du travail concernant les professionnels", a expliqué un avocat spécialisé dans ces dossiers, Stéphane Cottineau. De leur côté, les riverains peuvent agir en justice notamment en invoquant "un trouble du voisinage anormal", a-t-il ajouté.
Générations futures a annoncé par ailleurs lancer "une coordination nationale d'organisations locales de soutien aux victimes des pesticides". L'ONG réclame notamment la création d'"une zone tampon minimale de 100 mètres sans pulvérisations à proximité de tous les lieux de vie", l'inscription de cette distance minimale de 100 mètres dans les documents d'urbanisme mais également dans les règlements sanitaires départementaux, l'adoption d'une signalétique "très explicite et suffisamment visible par tous", le long des routes et chemins traversant ou longeant les zones de pulvérisations de pesticides, l'interdiction des pulvérisations aériennes sur tout type de culture et celle de "tous les pesticides dangereux pour la santé et l'environnement".