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Education - L'assouplissement de la carte scolaire a des effets sur l'éducation prioritaire

"Si l'assouplissement de la carte scolaire n'a pas modifié en profondeur la répartition des effectifs et la composition des établissements scolaires à l'échelle nationale, cette réforme a eu des effets importants sur les collèges de l'éducation prioritaire", résument dans leur " Rapport d'évaluation de l'assouplissement de la carte scolaire", Julien Grent et Gabrielle Fack, chercheurs respectivement à l'Ecole d'économie de Paris et au Centre de recherche Cepremap. Rendue publique fin janvier, au moment où commencent les réunions pour l'élaboration de la carte scolaire de la prochaine rentrée, l'étude rappelle que la mesure, mise en place à la rentrée 2007, devait répondre à un double objectif : "élargir la liberté de choix des familles" et "favoriser la mixité sociale" des collèges et lycées.
Les analyses indiquent que l'assouplissement de la carte scolaire "n'a pas profondément bouleversé les grands équilibres" de l'enseignement secondaire. Les dérogations accordées à l'entrée en sixième et à l'entrée en seconde restent trop peu nombreuses pour avoir eu "des effets détectables à l'échelle nationale" puisqu'au total, seuls 8% des élèves de l'enseignement secondaire public, bénéficient d'une affectation en dehors de leur collège ou lycée de secteur. Les boursiers sont "très peu nombreux" à avoir profité de la possibilité qui leur est offerte : un peu moins de 4%, et les demandes émanant de ces derniers "ne représentent que 7 à 8% du total".
Sur la situation dans le secondaire, les chercheurs donnent deux facteurs d'explication : "Du côté de la 'demande' scolaire, la réforme n'a pas entraîné une explosion des demandes d'affectation hors secteur ; du côté de l''offre', la satisfaction des demandes des familles a été fortement contrainte par le faible nombre de places ouvertes aux demandeurs de dérogation, les élèves résidant dans le secteur d'un établissement demeurant prioritaires par rapport aux élèves résidant hors du secteur."
Concernant l'éducation prioritaire, la réforme a eu pour principale conséquence la réduction des effectifs des collèges de l'éducation prioritaire et, soulignent les auteurs, "l'évitement croissant des collèges de l'éducation prioritaire ne s'est pas traduit par un creusement des inégalités sociales entre ces collèges et les autres".
Le rapport souligne néanmoins la grande hétérogénéité des modalités d'application de la réforme selon le niveau et l'académie considérée. A Paris, qui se caractérise par une forte concurrence scolaire, le taux de demandes de dérogation est élevé : 36,1%, en 2009, des élèves entrant en sixième (contre 10,9% au niveau national), avec un taux de satisfaction moyen de 31%.