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Lutte contre l'exclusion - Le CNLE et l'Onpes demandent une revalorisation du RSA et un nouveau plan de cohésion sociale

Réagissant au dernier rapport gouvernemental sur la pauvreté, le Conseil national de lutte contre l'exclusion et l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale doutent de l'efficacité des mesures mises en place et font part de leurs recommandations très volontaristes.

L'action gouvernementale n'est pas assez efficace pour atteindre les objectifs de baisse de la pauvreté, a estimé ce 5 décembre le président du Conseil national de lutte contre l'exclusion (CNLE), Etienne Pinte, qui réclame une hausse de 25% du RSA et un nouveau plan de cohésion sociale. "Les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes", a en effet déclaré Etienne Pinte, député UMP des Yvelines, qui commentait le dernier rapport du gouvernement sur les objectifs chiffrés de lutte contre la pauvreté, publié en octobre. Un rapport qui avait d'emblée apporté son nouveau lot de polémiques (lire notre article ci-contre du 20 octobre "Taux de pauvreté : qui croire ?").
"Même sans la crise, l'objectif de baisse de 33% de la pauvreté n'aurait pu être atteint", a pour sa part commenté Jérôme Vignon, président de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes). Pour l'Onpes en effet, la crise a "aggravé des situations de vulnérabilité préexistantes" et n'explique donc pas tout.
Les deux organismes, CNLE et Onpes, avaient choisi de présenter conjointement à la presse leurs réactions au contenu du troisième rapport gouvernemental sur cet objectif de baisse d'un tiers de la pauvreté en cinq ans, tous deux venant de transmettre au gouvernement leurs recommandations "en vue de repenser la politique de lutte contre la pauvreté" (pour consulter ces documents, voir liens externes ci-contre).
Le CNLE et l'Onpes s'interrogent sur "l'efficacité et la cohérence des dispositifs et des mesures mises en place" contre la précarité et l'exclusion, Etienne Pinte déplorant que "certaines difficultés ne soient pas assez prises en compte", comme la pauvreté des enfants et l'intégration des jeunes sur le marché du travail. L'accès insuffisant aux droits fondamentaux, dont l'accès aux soins, est également mis en avant. A ce titre, le CNLE se dit notamment préoccupé par le problème du non-recours aux dispositifs d'accès aux soins (CMU, CMU-C, ACS, AME).

Une hausse de 25% du RSA socle

"Si les amortisseurs généraux ont permis une progression de la médiane des revenus, les groupes les plus pauvres, et en particulier ceux appartenant au premier décile, ont connu un décrochage", détaille l'Onpes dans sa contribution.
Jérôme Vignon a notamment relevé que les revalorisations de certains minima sociaux ne suivent pas celles des revenus - de même que celles des aides au logement ne suivent pas les hausses de loyer – et a mis l'accent sur l'insuffisance de l'accompagnement social des bénéficiaires du RSA. "Le RSA socle ouvert à des actifs sans emploi n'a pas amélioré le sort de ses bénéficiaires au regard des prestations auxquelles il s'est substitué, le RMI et l'API", affirme l'Onpes. S'agissant de l'accompagnement, le CNLE se dit "d'autant plus inquiet qu'un bon nombre de départements déclarent avoir diminué en 2010 ses dépenses en matière d'insertion sociale, du fait de la montée en charge des dépenses liées au RSA socle" et considère qu'il faut "réexaminer la clause d'indexation du RSA".
Le CNLE et l'Onpes demandent donc une hausse de 25% du RSA socle, "le plus rapidement possible et au plus tard durant le prochain quinquennat", sans oublier le respect de la loi sur le droit au logement opposable (Dalo) ni une "mobilisation sans précédent en faveur de l'emploi des jeunes".
Rappelant que le RSA jeunes ne décolle pas (seuls 10.000 jeunes en bénéficient), le CNLE demande "la suppression de la condition de deux années dans l'emploi avant l'ouverture des droits, de façon à ce que ce complément de salaire puisse bénéficier à tous les jeunes qui travaillent".
Autre doléance commune : "la réactivation du Comité interministériel de lutte contre l'exclusion (CILE), prévu par la loi du 29 juillet 1998", afin de "relancer la mobilisation de tous les acteurs publics concernés par cet objectif et de mener une politique transversale pour agir de façon concertée".
Au final, le CNLE insiste sur l'urgence d'un "plan d'action, global et multipartenarial pour la lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale". Il s'agirait, selon Etienne Pinte, de mettre en place "une sorte de nouveau plan de cohésion sociale", comme celui qui fut lancé en 2004.