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Culture / Loisirs - Le nombre de discothèques a diminué de moitié en trente ans

Comme les crèches ou d'autres équipements, les discothèques font l'objet de très fortes inégalités territoriales. L'enjeu n'est pas aussi anodin qu'il en a l'air, car les discothèques sont un élément de l'attractivité des territoires - notamment en zone rurale et pour les jeunes - et peuvent également contribuer au développement du tourisme (par exemple dans les stations balnéaires). Elles sont aussi un lieu de diffusion des musiques actuelles et - souvent - un premier tremplin pour les musiciens et les groupes débutants.

De l'âge d'or au renouveau

Dans le cadre de son colloque "Pour que vive la nuit", clôturé par Fleur Pellerin le 27 mai, la Sacem a publié une étude sur "Les discothèques en France", sous-titrée "Un poids économique et un facteur de dynamisme des territoires" et "Une source de revenus et de prescription pour les auteurs, compositeurs et éditeurs".
Il en ressort en premier lieu que l'âge d'or des discothèques est derrière elles. De 4.000 dans les années 1980, leur nombre est en effet tombé à 2.000-2.500 aujourd'hui (le nombre varie selon les définitions), soit une diminution de moitié en trente ans. Si la Sacem recense 2.696 établissements avec un contrat "discothèque et bar dansant", elle estime le nombre des véritables discothèques à environ 2.000 en 2013.
Dans une frise chronologique, la Sacem situe l'âge d'or dans les années 1970-1990 (les grandes heures du disco !). Le déclin débute dans les années 1990-2000 avec l'apparition de la techno et ses corollaires les "free parties" et les "rave parties". Les années 2000-2010 sont celles de la crise, car s'y ajoute la montée des bars à ambiance musicale et des soirées privées, sans oublier les effets de la crise économique sur les revenus des jeunes et la multiplication des contraintes réglementaires (interdiction de fumer, normes de sécurité et d'insonorisation...).
La Sacem espère néanmoins un renouveau dans les années 2010 avec une possible autorisation d'ouverture jusqu'à 7h du matin, la création de méga discothèques (plus de 2.500 places, avec plusieurs pistes et un recrutement jusqu'à 200 Km à la ronde) et la diversification des soirées (concerts en live, soirées thématiques, animation par des "stars" de la télé-réalité...).

Rhône-Alpes, paradis des discothèques ?

Le second enseignement de l'étude réside dans de surprenantes disparités territoriales. Ainsi, Rhône-Alpes compte 266 établissements, contre 87 dans le Nord-Pas-de-Calais, 104 en Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, et 126 en région Paca. Après Rhône-Alpes, les deux régions comptant le plus de discothèques sont l'Ile-de-France (171) et la Bretagne (153).
Le chiffre d'affaires est également très variable, avec une moyenne de 440.000 euros. Mais 50% des discothèques ont un CA inférieur à 300.000 euros, tandis que 34% des établissements parisiens - souvent très huppés - affichent plus d'un million d'euros de CA. Le chiffre d'affaires total des discothèques n'est pas négligeable, puisqu'il atteint environ 900 millions d'euros.
La capacité moyenne - qui explique pour une bonne part le chiffre d'affaires - est de 426 places, mais avec à nouveau de fortes disparités régionales. Rhône-Alpes et Paca se singularisent ainsi par la petite taille de leurs établissements, puisque 40% d'entre eux offrent moins de 200 places.
Enfin, il ne faut pas oublier le rôle des discothèques dans la diffusion et la promotion des musiques actuelles. En 2013, 16.120 auteurs compositeurs - originaires de 94 pays - et 2.800 éditeurs ont ainsi perçu des droits d'auteur pour la diffusion de leurs œuvres dans les discothèques françaises. Mais, avec 4% du total des droits répartis par la Sacem, les discothèques affichent un impact modeste à côté d'autres modes de diffusion de la musique.