Le Réseau Action Climat a recensé "plus de 43 reculs environnementaux" en six mois de la part du gouvernement ou du parlement
"Suspension de MaPrimeRenov, soutien aux modes d'élevages industriels, coupe des aides sur les véhicules électriques et le vélo, etc." : dans une rare synthèse publiée ce 24 juin, le Réseau Action Climat (RAC) a dénombré depuis janvier dernier "au moins 43 (...) décisions prises par le gouvernement ou le Parlement allant à l'encontre d'une transition écologique et juste". "Après avoir dégradé le quotidien des Françaises et Français, sous le prétexte d'une écologie trop contraignante, (...) il est temps que les politiques cessent leurs calculs politiciens et se réemparent de l'intérêt général", alerte le RAC, qui regroupe 37 associations dont France Nature Environnement, le WWF, Greenpeace, Oxfam France ou encore la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).
"La préoccupation de la population s'oriente davantage vers la crainte de catastrophes naturelles de plus en plus fréquentes et violentes", affirme le rapport de 40 pages, publié au sortir d'une vague de chaleur précoce qui a touché tout le territoire. "L'analyse des votes montre que, si ces reculs ont souvent été initiés par l'extrême droite ou la droite républicaine, le bloc central en a soutenu plusieurs ou a été trop divisé pour les contrer", déplore encore le réseau.
Pour les associations, ces "reculs vont rapidement avoir des impacts très concrets" en provoquant une "baisse du pouvoir d'achat lié à la baisse des soutiens à la rénovation ou aux mobilités alternatives", des "emplois menacés dans les énergies renouvelables ou le bâtiment" ou des "risques pour la santé". De plus, ils vont à l’encontre des attentes des Français, estiment les associations. "A titre d’exemples, 84% des Français sont favorables à l’adoption de mesures visant à limiter la présence des exploitations agricoles les plus industrielles et 84% des Français ont une image positive des énergies renouvelables, un chiffre qui grimpe à 94% chez les riverains d’installations".
"Les prochaines semaines seront décisives", écrivent les associations, avec mi-juillet "les premières orientations du budget 2026" et plusieurs textes législatifs : celui sur la simplification de la vie économique - qui pourrait supprimer les zones à faibles émissions (ZFE) et "détricoter" l'objectif de Zéro artificialisation des sols (ZAN) - et la proposition de loi Duplomb, fustigée pour son soutien au retour de certains pesticides néonicotinoïdes.
"Alors que la France décroche de sa trajectoire de baisse de ses émissions de gaz à effet de serre, le monde politique non seulement procrastine, mais il enchaîne même les reculs", dénoncent les ONG. Selon l'organisme Citepa chargé du bilan carbone français, le rythme de baisse des émissions brutes de gaz à effet de serre s'est nettement essoufflé en 2024 (lire notre article) avec -1,8%, à 369 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e), alors que le pays devait viser un rythme de -5% par an pour tenir son objectif provisoire de 270 Mt CO2e d'émissions brutes sur son sol en 2030.