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Transports publics - Le Salon européen de la mobilité s'ouvre dans un contexte de rareté budgétaire

Le secteur des transports collectifs résiste-t-il bien à la crise ? Inévitablement, la question s’est posée à l’occasion de l’ouverture du Salon européen de la mobilité, qui se déroule du 8 au 10 juin à Paris. Un début de réponse a été esquissé par Cyrille du Peloux, président de l'Union des transports publics (UTP), qui observe que "si la mobilité individuelle a certes repris des points sur la mobilité collective, certains secteurs tels que le transport en bus se portent bien et sont même portés par une croissance des ventes et des immatriculations".
Reste qu’il faut selon lui "continuer à investir malgré la crise, en partie parce qu’avoir un marché national fort et structuré est la clé si on veut continuer d’exporter notre savoir-faire". Sur ce marché, un modèle contractuel se dégage, celui de la délégation de service public (DSP). "Il concilie souplesse et efficacité, et même dans un contexte d’ouverture de certains secteurs à la concurrence, il permet aux autorités organisatrices (AO) de conserver la maîtrise de leurs réseaux." En prenant pour exemple la délicate décision de réduire dans sa propre ville les places de stationnement réservées aux agents municipaux, Roland Ries, maire de Strasbourg et président du Groupement des autorités responsables de transport (GART), a ajouté que cette persévérance s’accompagne d’un effort de pédagogie au quotidien.

Des changements d'usage

Un effort d’information que ne démentiront pas les élus qui ont créé des zones 30 dans leurs villes. A l’approche de l’échéance en juillet prochain d’un décret de 2008 favorisant la généralisation des double sens cyclables en zone 30, le Club des villes et territoires cyclables a fait un point sur cet enjeu et soufflé les vingt bougies du concept. "Un concept qui, pour devenir réalité, nécessiterait plus de communication au niveau national. Il introduit en effet un tournant dans le Code de la route, à savoir l’idée d’un meilleur partage de la voirie", a illustré Patrice Pattée, adjoint au maire de Sceaux. En zone 30, cette ville vient de convertir une dizaine de kilomètres de voies à sens unique en double sens cyclable. Autre collectivité ayant su anticiper ce décret, la ville de Lorient était représentée par Olivier Le Lamer, adjoint au maire, qui a rappelé la nécessité d’un portage politique fort dans ce domaine et d’une transversalité d’approche entre services, les équipes techniques, voirie et communication devant notamment se serrer les coudes pour que ces double sens marchent sur le terrain.

 

Un incontournable contexte de rareté budgétaire

Les autorités organisatrices ayant de moins en moins de visibilité sur leurs ressources, la question du financement est aussi sur toutes les lèvres. Le doute plane en effet sur leur capacité à monter des projets candidats à la subvention de l’Etat prévue dans le cadre du deuxième appel à projets pour la réalisation de transports collectifs en site propre (TCSP), lancé début mai. Pour l’heure, cette seconde enveloppe est espérée identique à la première, soit 810 millions d’euros, mais aucune annonce officielle n’a été faite. "On s’attend à ce que moins de projets émergent même si certains vont pour l’occasion ressortir des tiroirs", a indiqué Roland Ries. Comme l'avance le dernier numéro du journal Ville & transports, des agglomérations comme Lyon et des communautés urbaines comme Lille Métropole y seront sûrement candidates mais, partout, l’inquiétude domine dans la recherche ou le bouclage de financement. Evolution du versement transport, remise en cause du dispositif de pénalisation du stationnement (voir notre dernier article sur le sujet), taxation des parkings et des plus-values immobilières… Maintes fois débattues, toutes les pistes méritent donc d’être à nouveau explorées, et Roland Ries a dans ce sens promis que "le Gart continuera à maintenir la pression afin que les collectivités puissent voler de leurs propres ailes".

Autre piste évoquée : les économies qui restent réalisables. "Désormais, la culture du tramway étant par exemple bien réintroduite dans nos villes, la logique du moins de dépenses pour plus d’efficacité est imaginable à l’instar de ce que sait faire notre voisin suisse", a ajouté Roland Ries. Et Cyrille du Peloux de conclure sur le fait que "cette quête d’économies couplée à plus d’efficacité est déjà visible dans les récents contrats passés aux exploitants". Et que, par ailleurs, "il reste à repenser l’équilibre entre ce qui doit être subventionné au niveau public et ce qui doit être au final payé par l’utilisateur".

 

Morgan Boëdec / Victoires éditions