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Culture - Polémique sur les subventions aux opéras en région

Après une réunion "animée" en commission des affaires culturelles, familiales et sociales de l'Assemblée nationale, le 30 octobre, la nervosité demeure grande autour du budget de la culture. La polémique concerne cette fois-ci non plus le patrimoine, mais le spectacle vivant. A la veille d'être reçus par le directeur de la musique, de la danse, de la musique et des spectacles, les directeurs d'opéras de régions se sont ouvertement inquiétés d'une forte réduction, voire d'une suppression des subventions de l'Etat. Ces propos ont donné lieu à un article d'une pleine page dans Le Figaro du 13 novembre, intitulé "Avis de tempête sur les opéras de province". Selon les informations rapportées par le quotidien, les théâtres lyriques d'Avignon, Metz et Tours seraient visés par un projet du ministère de la Culture, qui pourrait aller jusqu'à la suppression pure et simple de leur subvention. Dans l'interview donnée au quotidien, Pierre Médecin, le président de la Chambre professionnelle des directeurs d'opéras, qualifie de "maladroites et inutiles" les mesures envisagées par la ministre de la Culture. La polémique sur les crédits se double d'une résurgence du contentieux traditionnel entre les scènes lyriques de Paris et de province - certains directeurs évoquant des réductions de crédits en région pour financer la future salle philharmonique de La Villette -, mais aussi de dissensions entre les différentes formes de spectacle vivant. Les directeurs d'opéras ont ainsi refusé de s'associer à une démarche commune avec les autres types de spectacle vivant, Pierre Médecin justifiant cette attitude par le fait que "nous ne faisons pas le même métier".
Conscient du climat tendu qui règne dans le monde du spectacle, le ministère de la Culture a aussitôt réagi. Dans un communiqué du 13 novembre, Christine Albanel "fait part de son étonnement" devant les propos tenus. Elle rappelle que le soutien de l'Etat aux opéras en région "représente depuis plusieurs années environ 10% de leur budget". Elle fait également valoir que les crédits prévus en 2008 pour les institutions du spectacle vivant "se situeront exactement au même niveau qu'en 2007, soit 265,8 millions d'euros en fonctionnement". Sur ce total, les opéras en régions bénéficieront de 25,1 millions, soit une légère baisse de 1,6%, par rapport à la dotation 2007 (25,5 millions).
Cette polémique fait suite à une autre du même ordre au début du mois. Après un article du Monde intitulé "Budget d'austérité pour la Culture", la ministre avait déjà dû publier un communiqué pour rappeler que le gel de précaution de 6% des crédits ne concernait pas les seules dépenses de la culture, mais tout le budget de l'Etat et que cette réserve avait vocation à être réaffectée en cas d'exécution satisfaisante de la loi de finances. La mauvaise humeur des directeur d'opéras n'est pas non plus étrangère aux orientations fixées par la lettre de mission de Nicolas Sarkozy, demandant à sa ministre de la Culture que les scènes publiques soient évaluées sur leurs résultats, notamment en termes de diversité des publics.

 

Jean-Noël Escudié / PCA