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Culture - Les défenseurs du patrimoine manifestent contre les projets d'éoliennes au mont Saint-Michel

Sensible depuis quelques mois, le mouvement d'opposition à l'implantation tous azimuts des éoliennes semble prendre de l'ampleur. Au début du mois, Daniel Dupilet, président du conseil général du Pas-de-Calais, réclamait ainsi pour la première fois un moratoire sur la "frénésie éolienne", affirmant que "l'éolien est en train de détruire la variété [des] paysages" de son département (voir notre article ci-contre du 9 septembre 2009). Il est vrai que le Pas-de-Calais accueille près de 11% du parc français. De même, la mobilisation des associations de défense du patrimoine et de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC) pour le maintien de l'avis conforme de l'architecte des bâtiments de France (ABF) pour les travaux de construction, de démolition, de déboisement, de transformation et de modification dans les zones de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) n'est pas étrangère à la crainte de voir se développer des projets d'éoliennes urbaines en plein coeur de zones protégées (voir notre article ci-contre du 16 septembre 2009).
Ce mouvement de mobilisation a connu une nouvelle étape le 26 septembre, avec la manifestation organisée au mont Saint-Michel pour protester contre plusieurs projets d'implantation d'éoliennes sur le pourtour de la baie. Si la participation est restée relativement limitée (entre 500 et 1.000 personnes), cette manifestation n'en est pas moins emblématique. Le mont Saint-Michel et sa baie sont en effet inscrits au patrimoine de l'Unesco depuis 1979 et le projet de remise en eau de la baie (barrage mobile sur le Couesnon, suppression de la digue et du parking...) vient d'entrer - à grands frais - dans sa phase active, grâce en particulier au financement des collectivités territoriales. Les organisateurs de la manifestation - Fédération environnement durable (FED), Basse-Normandie Environnement (BNE), Fédération bretonne pour l'environnement (FBE), Fédération nationale des associations de sauvegarde des sites et ensembles monumentaux (Fnassem) et Plateforme européenne contre l'éolien industriel (Epaw) - entendent protester contre l'autorisation donnée à l'implantation de trois éoliennes, culminant à plus de 220 mètres, sur le territoire de la commune d'Argouges (Manche), située à une quinzaine de kilomètres au sud du mont Saint-Michel. Elles réclament "l'arrêt immédiat de ce programme dévastateur", qui serait parfaitement visible depuis le mont et les rivages de la baie. Selon les associations, onze autres projets seraient en gestation, tandis que les services de l'équipement indiquent n'en recenser que quatre déposés en préfecture et en cours d'instruction.
Cette situation pourrait valoir au mont Saint-Michel les mésaventures qu'a connues Bordeaux avec ses ponts (voir notre article ci-contre du 7 septembre 2009). Le comité du patrimoine de l'Unesco, qui se montre de plus en plus soucieux du respect des sites après leur classement, pourrait bien se saisir de la question générale des éoliennes, et cela dès sa prochaine session de l'été 2010. Il s'est déjà dit publiquement préoccupé par la question sur certains sites classés, comme les grottes de Skocjan en Slovénie. La France compte environ 2.350 éoliennes, qui fournissent 1,3% de l'énergie électrique. Lors de la présentation au Conseil des ministres du 3 juin d'une communication sur les perspectives d'investissement dans les infrastructures énergétiques, Jean-Louis Borloo prévoyait une multiplication par dix de l'énergie éolienne à l'horizon 2020...

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

 

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