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Sécurité - Les élus seront associés à l'évaluation des zone de sécurité prioritaire

C'est à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) que le ministre de l'Intérieur a lancé la première zone de sécurité prioritaire (ZSP), mardi 11 septembre. A cette occasion, Manuel Valls a précisé que le dispositif allait faire l'objet d'une évaluation "en permanence" avec les élus. "Si j'ai mis fin à la politique stérile du chiffre pour le chiffre (...), c'est pour mettre en place une politique de sécurité enracinée dans le concret", a-t-il ajouté, lors d'une visite du commissariat de la ville.
La ZSP de Saint-Ouen, une ville durement touchée par les trafics de stupéfiants, est la première d'une série de quinze qui verront le jour avant la fin de l'année. Neuf d'entre elles en zone police, cinq en zone gendarmerie et une en zone mixte (voir la liste dans notre article du 3 septembre 2012). S'en suivront entre cinquante et soixante "d'ici septembre 2013, et autant les deux années suivantes", a précisé le ministre. Détail qu'il n'avait pas fourni jusqu'ici. Certains détracteurs faisaient justement valoir le faible nombre de ZSP au regard des quartiers à problèmes.
Le ministre a également indiqué que le pilotage des ZSP serait "resserré par des objectifs précis, construits notamment autour d'individus réitérants et de lieux qui posent problème". "Il faut une intervention préventive, dissuasive et répressive", a-t-il poursuivi.
Le ministre est enfin revenu sur les renforts de policiers et gendarmes. 500 emplois ont été annoncés pour 2013. Mais ils "devront d'abord être formés : les renforts sur chaque site seront donc inévitablement limités", a reconnu Manuel Valls, tout en assurant que 500 postes seront créés chaque année, pendant toute la durée du quinquennat.
A l'occasion d'une réunion de travail avec le ministre, le procureur de Bobigny, Sylvie Moisson, a mis en garde contre une trop forte concentration de moyens dans les ZSP. "La concentration des moyens dans les zones de sécurité prioritaire du département ne doit pas conduire à un relâchement sur les autres zones. Il y aurait un risque de dégradation de la situation", a-t-elle prévenu. Selon elle, la ZSP de Saint-Ouen fonctionne déjà, grâce à un travail étroit entre justice et intérieur en matière de lutte contre les trafics. La stratégie judiciaire mise en œuvre sur place "consiste notamment à multiplier les réponses pénales immédiates", à "dissuader les acheteurs" et à "conduire des enquêtes approfondies sur les parties les moins visibles des trafics".
Toutefois, le maire Front de gauche de Saint-Ouen, Jacqueline Rouillon-Dambreville, a émis quelques réserves sur l'implication de la justice. "On ne peut plus voir dans le quartier les mêmes individus qui ont été pris avec un sac de drogue quelques jours plus tôt !", a déploré l'élue, demandant d'établir avec le parquet la "même intensité de partenariat" qu'avec la préfecture, les forces de l'ordre ou les bailleurs sociaux. Fin juin, le délégué général du FFSU (Forum français pour la sécurité urbaine) avait lui aussi regretté le manque d'implication de la justice dans le partenariat local et proposé que les ZSP puissent être non seulement géographiques mais aussi thématiques. C'est justement ce que propose Didier Paillard, le maire de Saint-Denis, qui doit accueillir la deuxième ZSP du département. Deux jours après l'incendie d'un immeuble qui a fait deux morts dans sa ville, il a demandé, mardi, que la lutte contre l'habitat insalubre fasse partie des priorités données aux zones, et que les policiers soient formés à cet effet.