Les maisons sport-santé jugées pertinentes et invitées à évoluer

Un rapport conjoint de l'Igas et de l'IGESR juge pertinent le déploiement et l'action des quelque 550 maisons sport-santé créées depuis 2019. Mais face à la fragilité de leur modèle économique, il préconise un financement pluriannuel, voire une tarification à l'acte.

Les maisons sport-santé (MSS) offrent un modèle pertinent qui a suscité l'adhésion des acteurs, s'est bien déployé sur l'ensemble du territoire et doit poursuivre son développement, avancent  l'inspection générale des affaires sociales (Igas) et l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche (IGESR) dans un rapport mis en ligne le 2 décembre 2025. 

Premier travail jamais publié par l'une ou l'autre des inspections depuis le lancement des MSS en 2019, ce rapport dresse tout d'abord un portrait hétérogène des 550 maisons existantes, dont les statuts des structures porteuses, les services ou les tarifs sont divers. 

Près de 1 MSS sur 5 portée par une collectivité

Ainsi, 61,5% des MSS sont portées par des associations, 17,5% par des collectivités (en majorité des EPCI), 9% par des sociétés commerciales et 8% par des établissements publics de santé. Par ailleurs, 23% des MSS ont un périmètre d'intervention communal, 35% intercommunal, 31% départemental et 11% régional. En outre, 452 MSS proposent un accueil physique et 113 un accueil dématérialisé, tandis que 54 MSS disposent d'une structure mobile utilisée en milieu isolé ou en quartiers prioritaires de la politique de la ville, QPV où sont par ailleurs implantées un quart des MSS. Enfin, 92% des MSS proposent un ou plusieurs programmes d'activité physique adapté (APA) et 62% un ou plusieurs programmes d'activités physiques et sportives. 

Et alors que 872.000 personnes ont été accueillies, informées et orientées depuis 2020 et 655.000 personnes malades ou éloignées de la pratique physique et sportive ont été prises en charge dans un programme, les auteurs estiment que "le dispositif des MSS a prouvé sa pertinence et un positionnement fonctionnel".

Financement variable d'une région à l'autre 

Néanmoins, cette "grande hétérogénéité" des MSS recèle également "des réalités plus complexes et une fragilité du modèle économique", pointe le rapport. Ainsi, si le financement de l'État a considérablement augmenté dans le temps, pour passer de 0,8 en 2020 à 16,5 millions d'euros en 2025, son pilotage est aux mains des ARS (agences régionales de santé) et des Drajes (direction de région académique à la jeunesse, à l'engagement et aux sports) et il en résulte "des volumes et des modalités de financements assez variables d'une région à l'autre". Et alors que les tarifs rencontrés sont "le plus souvent raisonnables et tiennent compte de l'environnement social", ils peuvent aussi parfois s'avérer "variables" et "sans paramétrage".

Pour pérenniser et développer les MSS, la mission pointe d'abord la formation des professionnels des APA et la reconnaissance de leur qualification par le monde de la santé. Il existait en 2023, sur près de deux mille intervenants, une quasi-parité entre enseignants en activité physique adaptée (EAPA, de niveau bac+3 ou +5) et éducateurs sportifs (de niveau bac ou bac+2). Le rapport en appelle à un "consensus entre les services ministériels du sport et de la santé, comme entre les branches professionnelles du sport et de la santé, sur les contenus de formations et donc sur les effecteurs [intervenants, ndlr] d'APA".

MSS "fondamentales" et MSS "intégrales"

Pour consolider le modèle économique des MSS, la mission demande d'"assumer le financement pluriannuel" par l'ARS et la Drajes d'une partie du fonctionnement des MSS par une dotation socle "ne couvrant pas tous les besoins". Et pour compléter leur budget, les MSS sont invitées à "répondre à des appels à projets ciblés sur des priorités en termes de populations, de problèmes de santé publique, de problématiques territoriales, etc.". Mais un second scénario, qui représenterait "une évolution plus aboutie et structurelle", est également proposé : la prise en charge à l'acte sur la base de l'article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018, lequel permet un soutien à l'innovation en matière de santé.

Enfin, outre un appel à la poursuite du déploiement des MSS sur tout le territoire et auprès de toutes les populations, le rapport invite à la création d'au moins deux catégories de MSS. Les premières, dites "fondamentales", rempliraient les missions essentielles de l'actuel cahier des charges, y compris de façon "allégée" en territoires éloigné ou isolé. Les secondes seraient capables de conduire des actions de formation en sport-santé, de recherche, d'animation de réseau mais aussi de recensement actualisé des lieux de pratique de suite, autrement dit, elles rempliraient l'intégralité des missions prévues par le cahier des charges. 

 

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