Les policiers municipaux décrètent la grève des procès-verbaux

"Stop, ça suffit !" Refusant "toute prérogative supplémentaire sans volet social satisfaisant", une "union des policiers municipaux en colère" – représentant 10 organisations syndicales, fédérations ou associations de policiers municipaux – vient de "décréter" la grève des procès-verbaux, "à l’exception des infractions majeures", à compter du 31 octobre. Elle appelle en outre les agents à ne répondre aux sollicitations des forces étatiques "qu’en cas de danger grave et imminent". Et de prévenir que cet "acte I donnera suite si nécessaire aux suivants : rien ne nous arrêtera".

En cause, la proposition de la Première ministre de permettre aux policiers municipaux d’accomplir certains actes de police judiciaire (voir notre article du 27 octobre), émise dans le cadre de son plan "anti-émeutes" présenté le 26 octobre dernier (voir notre article du même jour), conformément à la ligne tracée par le président de la République (voir notre article du 10 janvier 2022). Ce faisant, Élisabeth Borne aura non seulement consacré, comme on le prédisait (voir notre article du 31 juillet), le retour en vogue du continuum de sécurité, mais aussi fait déborder le vase d’un mécontentement qui ne cessait depuis plusieurs mois de grossir dans la "PM". 

Les revendications portées par le collectif ne sont pas nouvelles : relèvement des grilles salariales, augmentation – et intégration dans le calcul de la pension retraite – de la prime de police, bonification retraite dite des 1/5e ou encore relèvement d’une catégorie pour l’ensemble des agents (passage en B pour les C, en A pour les B et en A+ pour les A). Pas plus que ne l’est l’aspiration des troupes à un "donnant-donnant". À la sortie de la pandémie où ils furent "en première ligne", les policiers municipaux avaient déjà réclamé une revalorisation de leur statut. "Cela fait des années que l'on empile les compétences – c'est encore le cas avec la loi Sécurité globale –, sans jamais que cela soit pris en compte dans les carrières et les salaires", déplorait alors auprès de Localtis l’un de leurs représentants (voir notre article du 6 juillet 2021). 

Depuis, leurs prérogatives ont continué d’aller croissant. Et si des voix s’élèvent désormais de toutes parts pour dénoncer un régime indemnitaire à bout de souffle (voir notre article du 27 mars), les pistes récemment proposées par le gouvernement pour le réformer ont bien davantage braqué qu’apaisé (voir nos articles des 30 mai et 2 juin). Aussi, pour peser dans des négociations qui s’enlisent (la réunion initialement prévue le 31 octobre avec les services de Dominique Faure a été reportée au 14 novembre ; certains syndicats avaient de toute façon prévu de la boycotter), les organisations ont décidé de faire monter la pression. Dans une lettre ouverte adressée parallèlement aux maires de France (du moins à ceux dont la commune est dotée d’une police municipale), le collectif, qui rappelle son opposition à la mise en place d’un "RIFSEEP police municipale", promet "un acte II, puis un acte III, probablement lors des Jeux olympiques" si la profession n’obtient pas les avancées escomptées. "Depuis trop longtemps, les policiers municipaux, pourtant toujours en première ligne (crise sanitaire, terrorisme, délinquance et criminalité) sont les dindons de la farce […]. Le manque de reconnaissance politique est intolérable", justifie-t-il. Certains caressent l’espoir de remporter le même succès que leurs collègues sapeurs-pompiers avec la revalorisation de leur prime de feu. Une victoire obtenue après plus d’un semestre de mobilisation, ponctué de plusieurs manifestations (voir notre article du 29 janvier 2020). 

 

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