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Tourisme - Les stations thermales à la recherche d'un second souffle

Le secrétaire d'Etat chargé du tourisme a confié au Conseil national du tourisme (CNT) la mission de mener une réflexion et de formuler des propositions sur la diversification des stations thermales. Après avoir effectué plusieurs visites sur place et auditionné une cinquantaine de personnalités et d'experts, le CNT a présenté ses conclusions à l'occasion des Rencontres nationales du thermalisme, organisées à Evian du 16 au 18 novembre 2011.
En exposant ses préconisations, le CNT prend bien soin de préciser que "le groupe de travail n'avait pas vocation à prendre position sur les relations entre le système des cures thermales et les administrations de la santé". Une restriction de taille, dans la mesure où tous les interlocuteurs rencontrés "ont confirmé que le maintien d'une activité relevant des procédures et des interventions financières de l'assurance maladie était une condition nécessaire à la survie des établissements thermaux et par conséquent à celle des stations elles-mêmes" (voir notre article ci-contre du 18 juillet 2011). En dépit de cette limite évidente, le rapport du CNT n'en garde pas moins toute sa justification, notamment pour "réduire la dépendance des stations et des établissements thermaux vis-à-vis du thermalisme médical". La situation en la matière présente d'ailleurs de forts contrastes selon les stations, notamment entre les petites stations dépendant fortement du thermalisme - qui peuvent représenter jusqu'à 70% de l'emploi local - et les grandes stations situées dans un environnement économique diversifié.

Du thermalisme au thermoludisme

Le rapport recense également les voies d'une diversification de l'activité des stations thermales, à partir des actuelles cures conventionnées par l'assurance maladie. Certaines d'entre elles restent fortement ancrées dans le domaine de la santé et se situent dans trois champs principaux : la prévention, la prise en charge de la chronicité et la réadaptation et la rééducation. En pratique, cette évolution passe par le développement d'une offre portant sur l'éducation thérapeutique, les activités liées à la thématique très porteuse du "bien vieillir" ou encore les "cures libres", autrement dit non prises en compte par la sécurité sociale. Mais cette diversification dans le champ de la santé suppose de surmonter certains obstacles. En effet, la thérapeutique thermale est aujourd'hui mal intégrée à l'offre de soins, déconnectée des filières correspondantes et s'inscrit en parallèle du parcours de soins. L'autre piste, déjà explorée par nombre de stations, est celle de la diversification touristique : spas et "thermoludisme", activités liées au bien-être, sports d'hiver, diététique et amaigrissement (déjà engagé à Eugénie-les-Bains et Brides-les-Bains), accueil de sportifs, tourisme d'affaires et de congrès (réservé en pratique aux grandes stations comme Vichy, Evian et Aix-les-Bains)...
Le CNT se penche également sur les questions de gouvernance entre les collectivités territoriales et les établissements thermaux. Les situations rencontrées en la matière sont très diverses, depuis un contrôle total par la collectivité jusqu'à la présence d'un opérateur privé indépendant. En cas de présence d'un opérateur privé - délégataire ou indépendant - les relations de travail sont le plus souvent bonnes, mais il n'y a pas de pilotage en binôme de la diversification, sauf dans l'urgence. Le CNT insiste aussi sur la nécessité de placer la station thermale dans un cadre territorial pertinent (communal ou intercommunal), notamment en s'alignant sur la compétence touristique.
Au final, le CNT estime que "les stations thermales françaises ont des opportunités solides pour construire leur avenir" : patrimoine, savoir-faire, développement d'une clientèle de "troisième âge actif", appétence pour le bien-être et les thérapies douces... Mais il ne cache pas pour autant que le thermalisme devra, pour cela, se montrer capable de relever un certain nombre de défis. C'est le cas notamment de la rénovation et de la mise aux normes de nombreux hébergements vieillissants, du développement des partenariats public-privé (les financements publics se faisant de plus en plus rares), d'une communication aujourd'hui trop dispersée ou encore de la fragmentation excessive du monde du thermalisme.