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Culture - Un rapport de l'Assemblée nationale se penche sur le spectacle vivant

La commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire de l'Assemblée nationale a remis son rapport sur la politique du spectacle vivant. Ce document - présenté par Richard Dell'agnola, député du Val-de-Marne - s'appuie essentiellement sur une enquête de la Cour des comptes, réalisée à la demande de l'Assemblée, portant sur les dépenses d'intervention du budget de l'Etat en faveur de ce secteur.

Le rapport constate la réussite de l'objectif de soutien au spectacle vivant, poursuivi avec constance depuis les années 60 et encore renforcé dans la période 2000-2005 : "l'offre de spectacle est en effet riche et variée sur tout le territoire", ce "qui profite largement aux citoyens". Mais cette réussite n'est pas exempte de faiblesses dans les modalités de mise en œuvre. La commission des finances en pointe quelques-unes : le manque de lisibilité des aides, le rôle de l'Etat à repenser compte tenu de l'engagement croissant des collectivités territoriales ou encore la contraction des budgets publics qui "suppose un dialogue institutionnel entre les différents financeurs publics" et "doit conduire à la définition d’une stratégie régionale du spectacle vivant et à la rationalisation de la carte nationale des labels accordés par l’État".  
Les enjeux sont loin d'être négligeables puisque les crédits inscrits dans l'action "Spectacle vivant" du programme "Création" s'élèvent à 667,3 millions d'euros. Les collectivités consacrent à ce même secteur des crédits plus importants, mais dont il est malheureusement impossible d'avoir une idée précise faute de comptabilisation adéquate. Le rapport évoque néanmoins la somme de 7 milliards d'euros. Autre observation : malgré le développement du secteur et du nombre de ses professionnels - le nombre de comédiens est ainsi passé de 12.000 à 25.000 entre 1994 et 2004 -, le spectacle vivant souffre toujours d'un manque de professionnalisation. Ceci se traduit notamment par la forte croissance du nombre des intermittents, passés de 37.000 à 125.000 en moins de vingt ans. La question se pose d'autant plus que, selon le rapporteur, "la réforme du régime de l'intermittence est restée au milieu du gué".
Face à la perspective d'une "stabilisation de la dépense de l'Etat en faveur du spectacle vivant" dans les prochaines années, la commission des finances formule un certain nombre de préconisations. On retiendra en particulier la recommandation de favoriser "l'émergence d'une réflexion prospective nouvelle partagée par l'Etat et les collectivités", dans le prolongement des Entretiens de Valois. Compte tenu de la disproportion entre les contributions des collectivités et celles de l'Etat, le rapport recommande que ce dernier se focalise plutôt sur l'élargissement de la diffusion des spectacles (davantage sur l'aide aux structures). De même, il suggère de "modérer" l'attribution de nouveaux labels, aujourd'hui au nombre d'une dizaine (conclusion similaire à celle des Entretiens de Valois qui préconisent d'en limiter le nombre à dix). Il recommande également de remettre régulièrement en cause les labels attribués dans le passé. Dans le même esprit, la commission des finances souhaite une plus grande formalisation des critères d'attribution des aides et une plus grande transparence sur les décisions. En termes d'organisation de la politique de l'Etat, le rapport suggère de préciser le statut et le rôle des conseillers sectoriels des Drac et de mieux respecter la déconcentration des compétences.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

 

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