Internet - Les villes de casinos satisfaites de l'encadrement des jeux en ligne

Adopté mardi 6 avril à l'Assemblée nationale, le projet de loi sur l'ouverture à la concurrence des jeux d'argent et de hasard sur internet satisfait un grand nombre d'élus de villes possédant l'un des 197 casinos français. Ainsi, Etienne Blanc, président de la récente Association internationale des parlementaires et des élus des villes de casinos (AIPEViC) a déclaré à Localtis qu'il approuvait "la philosophie de ce texte qui était de sortir les jeux en ligne de la clandestinité". Pourtant, les jeux en ligne seraient à l'origine d'une baisse de l'activité des casinos "en dur". Ainsi, le député-maire de Divonne constate "une diminution des recettes des casinos de l'ordre de 20% au cours des deux dernières années". "Or, cela a un impact direct sur la ville puisque 15% du produit brut des jeux arrive dans les caisses de la commune et permet de développer notre activité touristique", explique-t-il. Cette chute serait liée en partie à la croissance des jeux en ligne. Selon une étude réalisée par Ipsos MediaCT en juin 2009 que s'est procurée Localtis, plus de trois millions de Français jouent sur internet à des jeux d'argent et plus de 20% d'entre eux y consacrent plus de 50 euros par mois. Des chiffres qui devraient encore gonfler, selon une étude présentée en octobre 2009 par le cabinet indépendant de Francis Merlin : le chiffre d'affaires des jeux en ligne atteindrait 800 millions d'euros en 2010. Cependant, pour Etienne Blanc, "on ne peut pas interdire la pratique. Il valait donc mieux encadrer l'exploitation des jeux en ligne". Deux dispositions satisfont particulièrement l'élu de l'Ain. Tout d'abord, "le prélèvement spécifique pour les villes qui possèdent des hippodromes est une bonne chose". L'amendement déposé par Jacques Myard prévoit en effet un prélèvement sur les sommes engagées par les parieurs hippiques. Si ce prélèvement est plafonné à 750.000 euros par commune, il n'en constitue pas moins une satisfaction pour le député-maire de Maisons-Laffitte qui confie que "c'est un juste retour des choses car de nombreuses villes accueillent des hippodromes qui représentent des surfaces importantes". Deuxième élément de contentement pour Etienne Blanc : "L'adoption de l'amendement Fasquelle qui prévoit un reversement de 15% du prélèvement sur le poker en ligne aux villes possédant un casino." Une mesure juste selon Daniel Fasquelle qui précise : "Les villes qui ont un casino sont les locomotives de l'économie touristique nationale. Ce sont des milliers d'emplois qui sont en jeu. L'Etat devait en prendre conscience." Ainsi, le député-maire du Touquet note que les recettes engendrées par les deux casinos de sa ville ne représentent plus que deux millions d'euros en 2010 (alors qu'il inscrivait trois millions d'euros à son budget il y a trois ans). Daniel Fasquelle s'en inquiète car "cet argent est entièrement dédié au développement touristique du Touquet. L'office de tourisme mais aussi l'ensemble des équipements sportifs et culturels de la ville vivent de ce budget". C'est pourquoi l'AIPEViC est essentielle car "la problématique peut être posée dans tous les pays d'Europe. La prochaine étape sera sans doute de sensibiliser Bruxelles pour qu'une mesure européenne voie le jour". Mais il faudra tenir compte des spécificités régionales. Comme le révèle une enquête publiée par TNS Sofres en décembre 2009 : les joueurs ne sont pas les mêmes selon les territoires. Ainsi, on joue plus au casino en Franche-Comté (24% des personnes interrogées) et aux jeux en ligne en Haute-Normandie (9%). Sans oublier la concurrence des pays voisins car Etienne Blanc reconnaît que "l'ouverture de nombreux casinos en Suisse depuis une dizaine d'années a sans doute participé à la baisse de l'activité de nos casinos". Sur ce point, l'AIPEViC réfléchit également à de nouvelles politiques, architecturales et environnementales qui permettraient de développer une autre forme de tourisme.


Muriel Weiss