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Habitat - L'horizon du logement est toujours aussi bouché

Les trimestres se suivent et se ressemblent : les premiers chiffres publiés par le ministère du Logement pour le troisième trimestre 2012 marquent en effet un nouveau recul des mises en chantier de logements neufs. De façon symbolique, leur nombre retombe au niveau du troisième trimestre 1998, il y a près de quinze ans. Cette date correspond à la sortie de la très grave crise qu'avait déjà traversée le secteur du logement en 1997-1998.
Sur le troisième trimestre 2012, le nombre de mises en chantier de logements neufs recule ainsi à 66.932 unités, soit une baisse de 17,6% par rapport au troisième trimestre 2011. Seul le logement en résidence est en progression (+5%), alors que le recul est de 16,5% dans le logement individuel et de 17,8% dans le collectif.

315.000 logements neufs en 2012 ?

Sur un an (du troisième trimestre 2011 au troisième trimestre 2012), le nombre de mises en chantier de logements neufs s'établit à 340.085, soit une baisse de 3,6%. L'écart entre les deux taux traduit l'accélération de la dégradation de la situation. Même s'il reste encore le dernier trimestre 2012 - qui n'a guère de raisons d'être meilleur - l'année se terminera sur un nombre de mises en chantier très loin de l'objectif de 500.000 logements neufs annuels fixé par le chef de l'Etat, même s'il s'agit là d'une moyenne à atteindre sur l'ensemble du quinquennat. L'année 2012 pourrait ainsi s'achever sur un nombre de mises en chantier autour de 315.000 (voir notre article ci-contre du 29 juin 2012).
Seul signal positif : les permis de construire délivrés n'ont reculé que de 0,7% au troisième trimestre 2012. Leur nombre est même en progression de 6,8% sur un an, atteignant un total de 462.426 sur la période. Tous les permis de construire ne correspondent toutefois pas à des productions de logements neufs. En outre, certains permis accordés sont abandonnés faute de financement ou de perspectives de commercialisation. De même, la multiplication des contentieux contre les délivrances de permis de construire conduit parfois à des demandes successives pour une même opération immobilière.
Le recul des mises en chantier touche les logements destinés à la location comme ceux destinés à l'achat. Les ventes de logements neufs sont ainsi en recul de 14% sur un an (septembre 2011 à septembre 2012) et l'année pourrait s'achever avec un chiffre en recul de 19%, autour de 84.000 logements neufs vendus. Dans l'ancien, le recul des ventes pourrait être de 15% sur l'année, avec un total autour de 685.000 ventes.

Crédit moins cher, mais plus rare

Un autre signal de la forte dégradation du marché réside dans la production des crédits immobiliers. Les chiffres du premier semestre (voir notre article ci-contre du 25 juillet 2012) se confirment, avec un recul de 30,5% sur les neuf premiers mois de l'année et de 24,3% en glissement annuel. Cette chute s'explique à la fois par l'accroissement des exigences des banques sur la solvabilité des emprunteurs et par les hésitations des particuliers à se lancer dans l'achat d'un logement dans un contexte économique incertain.
Deux données pourraient pourtant contribuer à freiner la baisse. D'une part, les taux d'emprunt se situent à des niveaux historiquement bas, qui devraient contrebalancer les effets négatifs de la conjoncture. D'autre part, les prix d'achat dans l'ancien devraient reculer de 2% en moyenne sur l'année - avec des écarts géographiques et typologiques -, les prix dans le neuf restant en revanche à peu près stables. Le recul des prix dans l'ancien pourrait même atteindre 5% en 2013. Mais il n'est pas sûr que ces deux effets contracycliques suffisent à redresser la tendance.
En attendant, la construction a perdu 6.800 emplois supplémentaires au deuxième trimestre 2012 et environ 11.600 entre juin 2011 et juin 2012.