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Culture - L'Ile-de-France joue les premiers rôles sur la Croisette

Alors que s'ouvre la 65e édition du Festival de Cannes, l'Ile-de-France annonce une présence record pour les films soutenus par la région. Pas moins de quatorze productions ont bénéficié d'un financement de la collectivité francilienne. Sept d'entre elles font partie de la sélection officielle. Parmi elles figurent notamment plusieurs prétendants à une récompense, comme "Vous n'avez encore rien vu", d'Alain Resnais, "Holly Motors", de Léos Carax, ou encore "Amour", de Michael Haneke. Sept autres films - dont un d'animation - seront présentés dans la sélection parallèle (Quinzaine des réalisateurs ou Semaine de la critique) ou dans le cadre de l'Acid (Association du cinéma indépendant pour sa diffusion).
La région profite de sa présence sur la Croisette pour rappeler l'importance de son rôle en la matière. Depuis 2001, le fonds régional de soutien à l'industrie cinématographique et audiovisuelle a accordé 120 millions d'euros à plus de 500 oeuvres françaises et étrangères, sous réserve qu'elles fassent appel au savoir-faire de l'industrie francilienne. Parmi les financeurs publics, cette contribution fait de l'Ile-de-France le second soutien du cinéma, derrière le CNC (Centre national du cinéma et de l'image animée), très loin toutefois derrière des acteurs privés comme Canal+, les autres grandes chaînes de télévision ou les sociétés de production.
Pour justifier cet engagement, Jean-Paul Huchon a insisté sur les retombées économiques de ces aides. Le président de la région a ainsi affirmé que "depuis que le fonds de soutien existe, nous avons stabilisé l'emploi et, en 2011, les emplois permanents créés étaient plus souvent des postes de cadres que de non-cadres". Il y voit la confirmation d'un "mouvement de consolidation et de renforcement qualitatif de l'emploi" qui contribue à "faire reculer l'intermittence". Chaque année, la région finance ainsi une trentaine de films de cinéma - dont 40% de premières oeuvres - et autant de films pour la télévision. Si nombre de réalisateurs ainsi subventionnés sont de nouveaux talents, la région ne dédaigne pas non plus les valeurs sûres du septième art, comme en attestent les trois réalisateurs déjà cités ou les noms de James Ivory ou Sofia Coppola.
Jean-Paul Huchon n'est pas venu à Cannes les mains vides. Il doit en effet y dévoiler - à l'occasion d'une table ronde organisée par la Guilde des scénaristes sur l'indépendance de l'écriture par rapport à la réalisation - le futur dispositif régional d'aide à l'écriture de scénarios. Celui-ci, qui complétera la palette des aides régionales au cinéma, devrait être mis en place dans le courant de l'année.
Si les moyens de l'Ile-de-France lui permettent de jouer ainsi le premier rôle des collectivités dans le financement du cinéma, il faut se garder d'oublier les autres régions, qui ont presque toutes mis en place des dispositifs en ce domaine. En 2011, les collectivités ont financé 94 oeuvres cinématographiques, à hauteur de plus de 20 millions d'euros (dont 95% émanant des régions). A elle seule, l'Ile-de-France représentait l'an dernier 58% du montant des aides (voir notre article ci-contre du 28 mars 2012).