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Environnement - L'ONF défend sa stratégie devant les députés

Le 18 mai, Hervé Gaymard, président du conseil d'administration de l'Office national des forêts, a présenté devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale sa stratégie pour sortir l'ONF de l'impasse dans laquelle il se trouve. L'exposé fut riche, les députés ont apprécié et riposté par des questions portant notamment sur le climat social. Pour calmer les tensions qui agitent l'établissement public, un audit social y sera bouclé d'ici la fin de l'année, qui devrait aboutir à une analyse de fond des problèmes. L'ex-ministre a confirmé que l'effort de réduction des effectifs devra se poursuivre dans les prochaines années. Répondant à la critique selon laquelle l'ONF est "une institution d'un autre âge" - l'expression est de Jean-Louis Léonard, député de Charente-Maritime - Pascal Viné, directeur général de l'ONF, a répondu qu'elle avait su au contraire évoluer et se professionnaliser. Il reconnaît néanmoins que la réforme engagée depuis dix ans "est mal digérée en interne" et qu'une recherche de cohésion est en cours entre deux univers parfois décalés sur le terrain, celui des agents patrimoniaux (ex-gardes forestiers) et celui des fonctions métiers qui sont montées en puissance.
 

Raffermir le dialogue avec les communes

En octobre dernier, dans un rapport remis au président de la République, Hervé Gaymard conseillait de consolider les relations avec les communes forestières. "C'est chose faite, le dialogue est déjà meilleur et une structure s'est créée pour suivre nos activités en forêt communale", a-t-il indiqué. Mais les massifs forestiers s'étendent par nature sur plusieurs communes. "L'approche doit donc être plus intercommunale, c'est là qu'il faut plus de concertation, tant sur le volet des emplois que sur celui de l'exploitation forestière". Le sujet devrait être débattu au Congrès national des communes forestières qui se tient à Fréjus (Var), les 26 et 27 mai prochains. Le mode de calcul des frais de garderie facturés aux communes le sera aussi puisqu'une réflexion s'amorce pour le réviser. Hervé Gaymard a reconnu qu'il était "injuste". Autre enjeu : le réservoir de biodiversité que représente la forêt, en particulier dans les territoires ultramarins. Des élus se demandent si l'ONF en prend toute la mesure. Hervé Gaymard a assuré que c'était le cas. Son collègue Pascal Viné a ajouté : "L'adaptation au changement climatique est un autre enjeu majeur. Dans le Cher par exemple, il se pose en forêt de Vierzon. Ce massif y résiste mal, il se pose la question d'y réintroduire du pin plutôt que du chêne."
Deux chiffres éloquents ont été commentés. Le premier : seul un quart de la forêt française est public mais il couvre près de la moitié des besoins en bois. Jamais résolu, le problème est connu et lié aux difficultés d'exploitation dans les forêts morcelées entre propriétaires privés. Le second : seulement 2% du bois utilisé pour la construction en France est d'origine nationale. Un problème dû à la nature même de nos forêts. Mais aussi à la complexité de la filière, écartelée entre deux interprofessions aval et amont. Pour en traiter et aborder d'autres enjeux, Hervé Gaymard propose d'organiser un conseil réunissant annuellement les décideurs qui sont concernés, dont des élus, des parlementaires et les ministères concernés, celui de l'Industrie y compris.

Plus d'approvisionnement en forêt communale

Peut-on gérer durablement les forêts tout en augmentant les prélèvements pour approvisionner la filière bois ? "En forêt domaniale, on est presque à la limite des prélèvements possibles, une légère marge de 10% est envisageable. C'est en forêt communale qu'on peut les augmenter, au maximum de 30% pour atteindre une récolte de 11 millions de m3 de bois par an. Cela ne peut se faire que progressivement, à raison de 200.000 m3 de plus par an. Mais cela nécessite divers investissements en route, travaux ou câblages, que les communes ne peuvent supporter. L'ONF peut en financer une partie mais sur fonds de trésorerie, ce qui pose problème", a expliqué Pascal Viné.
On retrouvera ces propositions dans le prochain contrat d'objectifs Etat-ONF 2012-2016, qui sera conclu en juillet prochain et où les communes forestières apposeront pour la première fois leur signature. Y figureront aussi le souhait qu'a l'ONF de ne plus internaliser des missions d'intérêt général comme la lutte contre les incendies ou la restauration des dunes, qui relèvent selon lui de l'Etat. Le contrat intégrera aussi un volet cynégétique, légitime étant donné le contexte plus que tendu dans ce domaine. Il traitera également de l'approvisionnement en bois-énergie, un domaine où l'ONF mobilise les communes pour "travailler sur les volumes mais aussi dans la durée". Un protocole d'accord est en cours à ce sujet avec la profession des scieurs. Un rapprochement aussi s'engage avec l'ensemble des entrepreneurs forestiers. Enfin, des crispations restent à régler entre l'ONF et les parcs naturels, "surtout les parcs nationaux, moins les régionaux", a conclu Hervé Gaymard.