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Personnes âgées - Maisons de retraite : vers la fin de l'eldorado ?

La société Xerfi-Precepta, spécialisée dans les analyses économiques sectorielles, publie une étude consacrée aux maisons de retraite médicalisées et sous-titrée "Nouvelle configuration du secteur : les opérateurs face au tournant de la réforme des appels à projet". Celle-ci, qui vise essentiellement les maisons de retraite de statut privé à but lucratif, s'efforce de mesurer l'impact à court et moyen terme d'un certain nombre de réformes : création des agences régionales de santé (ARS), rapprochement entre le sanitaire et le médicosocial, évolution progressive "vers un système régulé de planification et d'appels d'offres pour les créations et extensions d'établissements"...

Vers de nouveaux modèles économiques

Pour les auteurs de l'étude, ces tendances vont se traduire par une plus forte régulation et professionnalisation du secteur des établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Seront notamment favorisés les acteurs qui sauront adapter leur offre aux attentes des ARS, mais aussi des départements. La procédure de l'appel à projets bouleverse en effet le partage des rôles traditionnel entre les acteurs institutionnels (directeur général de l'ARS et président du conseil général) et les porteurs de projets (voir notre article ci-contre du 29 juillet 2010).
Pour les grands groupes spécialisés désormais présents dans le secteur (Orpea, DVD, Korian, Medica...), la croissance externe devrait, à l'avenir, constituer le principal levier de développement. L'étude estime en effet que "les opérateurs se développent encore aujourd'hui grâce aux projets précédemment engagés, mais, dès 2013, les réservoirs de croissance seront très largement asséchés". Ceci s'explique notamment par les retards engendrés par la mise en place de la procédure de l'appel à projets, mais aussi par la contrainte budgétaire de plus en plus forte qui pèse sur les financeurs, à commencer par les départements (à travers l'aide sociale à l'hébergement pour les Ehpad conventionnés).
Outre une accélération du mouvement de concentration chez les opérateurs privés, cette "dépendance accrue du secteur vis-à-vis des autorités de tutelle" devrait se traduire aussi par l'émergence de nouveaux modèles économiques et par la création de nouveaux relais de développement. L'étude évoque notamment deux grandes pistes. La première passerait par un rapprochement entre les activités médicosociales et certaines activités à caractère sanitaire très liées au vieillissement, à l'image des soins de suite et de réadaptation (SSR) ou de la psychiatrie. Plusieurs grands groupes de maisons de retraites sont d'ailleurs déjà opérateurs d'établissements de SSR et de cliniques psychiatriques. La seconde piste repose sur le développement "de solutions faisant le lien entre les Ehpad et des offres de maintien à domicile et/ou d'hébergement intermédiaire s'adressant aux personnes non dépendantes".

Qui seront les gagnants et les perdants ?

L'étude estime également que les prochaines années devraient voir "des perspectives d'hybridation" entre le secteur public et le secteur privé, qui succéderaient ainsi au "cloisonnement quasi-total" prévalant aujourd'hui entre ces deux catégories d'Ehpad. En effet, "les opérateurs non lucratifs sont parmi les plus pénalisés par les exigences renforcées des tutelles (pressions financières, convergence tarifaire, mises aux normes)". Ils pourraient donc être tentés de faire appel aux moyens et à l'expertise gestionnaire du secteur privé lucratif, par exemple sous la forme de délégations de gestion ou de mutualisation de moyens.
Enfin, l'étude s'efforce également d'identifier les gagnants et les perdants potentiels des prochaines années. Au nombre des premiers figurent incontestablement les grands groupes gérant déjà plusieurs milliers ou dizaines de milliers de lits. Ils sont "a priori les mieux structurés pour tirer parti de ce nouveau cadre d'activité et de développement". A l'inverse, quatre catégories risquent de se retrouver fragilisées : les Ehpad isolés de petite taille (manque d'assise financière), les groupes de petite taille (pas assez d'économies d'échelle et de synergies), les opérateurs haut de gamme (alors que l'avenir est à des établissements de gamme intermédiaire) et les "développeurs-promoteurs", qui ont construit leur développement autour d'un modèle basé essentiellement sur les aspects immobiliers.

 

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