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Transports - Métropolisation : quel impact auront les futurs Sraddet sur les transports ?

Pour remplacer plusieurs schémas existants, notamment en matière de climat-énergie, de déchets mais aussi de transports, le projet de loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (Notr), que le Sénat vient d'adopter en seconde lecture, suggère un schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité du territoire (Sraddet). Mais à peine créé, il fait déjà débat. Ce futur socle a ainsi concentré les attentions lors d'une table ronde de TDIE organisée le 10 juin.

L'association spécialisée sur les transports TDIE a organisé, le 10 juin, un débat sur le redécoupage territorial et ses conséquences sur la gouvernance des politiques de mobilité. Bien placé pour dresser le bilan du changement et de la refonte que constitue la progressive métropolisation, le sénateur-maire de Cagnes-sur-Mer Louis Nègre, par ailleurs premier vice-président de la métropole Nice Côte d'Azur et président du Groupement des autorités responsables de transport (Gart), estime qu'après trois années cela fonctionne plutôt bien : "L'appréhension des risques de despotisme lié au fait d'avoir un seul pilote dans l'avion se révèle infondée. Au contraire, la métropole attire : à la petite cinquantaine de communes unies, la liste de celles qui veulent s'ajouter s'allonge. Quand les choses sont bien cadrées, cela marche. C'est en ce sens que le schéma régional d'aménagement, de développement durable et d'égalité des territoires (Sraddet) devra être le mieux formalisé possible et adopté une fois les conseils régionaux renouvelés". Un propos que Dominique Auverlot, chef du département développement durable à France Stratégie, appuie : "Ce schéma sera prescriptif mais nul doute que son contenu donnera matière à réflexion. La nouvelle carte régionale impose en effet de s'interroger sur les dynamiques d'emploi et de déplacements. Prenez Toulouse et Montpellier, qui feront bientôt partie intégrante de la même et grande future région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon : pour que ces deux métropoles échangent et travaillent ensemble, il reviendra à la région de tout faire pour mieux les relier, et donc que son Sraddet le prévoie".

Prévenir l'autarcie

Ce schéma aurait ainsi pour vocation de ressouder entre eux des départements que Dominique Auverlot dénomme "peu insérés" dans leur futur bloc régional. Partant de l'analyse des échanges économiques – déplacements domicile-travail et détentions d'entreprises (liens d'actionnariat) – il a piloté à France Stratégie une étude appelant à rester vigilant au vu de l'"actuel repli sur eux-mêmes" de certains départements : "une trentaine dont six où ce phénomène d'autarcie est plus particulièrement accentué, le Cantal, les Hautes-Alpes, la Charente-Maritime, la Creuse, l'Indre et la Lozère". Le rapprochement entre régions, outre la nécessité d'harmoniser des politiques, posera en termes d'organisation des transports des problèmes bien concrets. "Il y aura des sujets complexes. Des stratégies de rationalisation des modes de transports à mettre en œuvre. Les obstacles seront, entre autres, juridiques, les conventions entre régions et SNCF n'arrivant par exemple pas toutes en même temps à terme. Sans doute que cela ira quand, en Normandie, le décalage dans le temps est d'un ou deux ans. Mais avec dix ans d'écart entre les conventions qui courent en Picardie et dans le Nord-Pas-de-Calais, cela risque d'être nettement plus corsé !", a conclu Philippe Duron, député du Calvados, président du conseil d'administration de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) et pilote de la commission qui vient de remettre un rapport qui a fait grand bruit sur l'avenir des trains d'équilibre du territoire (TET).