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Monnaie locale : l'Eusko basque passe au numérique

L'Eusko, la monnaie locale complémentaire du Pays basque français, jusqu'ici en circulation uniquement sous la forme de billets, est passé au numérique : comptes en ligne et carte de paiement. Les créateurs de l'Eusko souhaitent ainsi augmenter le nombre de ses utilisateurs et faciliter son usage, en particulier dans le cadre de partenariats avec les collectivités locales. 

L'Eusko du Pays basque nord, le Sol-Violette du bassin toulousain, l'Abeille de Villeneuve-sur-Lot, la Miel du Libournais, l'Héol du pays de Brest… La France compte une quarantaine de monnaies locales qui fleurent bon le terroir. Elles sont officiellement reconnues depuis la loi Economie sociale et solidaire (ESS) de 2014. Celle-ci donne une base légale à ces "monnaies locales complémentaires" qui servent à créer du lien social, à favoriser le développement économique des territoires et l'emploi local.

"L'Eusko créé en 2013 est aujourd'hui la troisième monnaie locale complémentaire d'Europe en importance des volumes en circulation, et la première en France", confie à Localtis Xebax Christy, co-président de l'association Euskal Moneta. Les monnaies locales étant à parité avec l'euro (un Eusko = un euro), 550.000 euros circulent sous forme de billets Eusko et, depuis le 19 mars dernier, sous forme de comptes en ligne et d'une carte de paiement, l'Euskokart. A ce jour, 3.000 adhérents de l'association utilisent l'Eusko auprès de 660 commerçants, agriculteurs, entreprises et associations implantés dans la communauté d'agglomération du Pays basque. L'association Euskal Moneta gère déjà 560 comptes en ligne.

Partenariats avec les collectivités

Depuis sa création en 2010, le réseau des monnaies locales complémentaires citoyennes (MLCC) cherchait le moyen de nouer des partenariats avec les collectivités locales (communes, groupements de communes, départements, régions). C'est chose faite depuis 2016 puisque les services de Bercy ont rédigé "une fiche relative aux titres de monnaie locale complémentaire" qui autorise le paiement des services municipaux, départementaux ou régionaux avec les MLCC sous certaines conditions. Le réseau des MLCC explique sur son site qu'il faut, pour cela, que la collectivité intéressée "passe une convention avec l'association de la monnaie locale, prenne éventuellement une délibération, étende les pouvoirs du ou des régisseurs dans l'acte constitutif de la régie de recettes".

Au Pays basque, quatre communes ont déjà adhéré à Euskal Moneta : Hendaye, Ustaritz, Mendionde et Bayonne. "A Ustaritz, par exemple, la régie de recettes de la piscine municipale accepte l'Eusko", précise Xebax Christy. "Pourquoi pas les transports comme à Boulogne-sur-Mer qui accepte leur paiement avec la monnaie locale (Bou'Sol) ou la cantine scolaire, la médiathèque, les parkings, etc.?"

Le défi d'Euskal Moneta est d'attirer de nouvelles communes ainsi que la communauté d'agglomération. "Nous sommes convaincus que l'avenir des monnaies locales réside dans l'adhésion des collectivités", argumente Xebax Christy. Pour les en convaincre, son association prépare pour la rentrée de septembre une formation pour expliquer "avec pragmatisme" les apports d'une monnaie locale pour le développement économique des territoires.