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Patrimoine - Mont Saint-Michel : le gouvernement décide de passer outre la demande de l'Unesco

Dans un nouvel épisode du feuilleton sur la préservation du site du mont Saint-Michel, le gouvernement a finalement décidé d'ignorer la demande du comité du patrimoine mondial de l'Unesco sur le gabarit de la plateforme qui doit être construite au pied du mont pour accueillir la future passerelle d'accès. Le Premier ministre a en effet tranché en faveur d'une passerelle d'une plateforme de 7,30 mètres, alors que le comité du patrimoine demandait de limiter le gué à 6,80 mètres, une position que semblait partager également le ministère de la Culture.
Une décision sur ce point était devenue indispensable, puisque la construction du pont passerelle se rapproche chaque jour un peu plus du mont. Il s'agit d'ailleurs moins d'une décision à proprement parler que d'une confirmation. La décision d'élever la plateforme d'accès à 7,30 mètres remonte en effet à... 2002. Elle n'a pas été rapportée depuis, malgré de multiples demandes, dont celle du comité du patrimoine mondial de l'Unesco.
Pour justifier la maintien de ce choix, Matignon met en avant des raisons de sécurité : avec un gué à 6,80 mètres, le mont se transformerait trop souvent en île, au risque de compromettre l'accessibilité. Mais les défenseurs du site rétorquent que tout le projet de réaménagement de la baie du mont Saint-Michel a précisément pour objet de rétablir le caractère insulaire du monument. Pour les associations de défense, l'élévation de la plateforme, en limitant les périodes durant lesquelles le mont est complètement encerclé par la mer, risque au contraire de favoriser à terme un ensablement de la baie. La décision du Premier ministre va également à l'encontre de la position du président (PS) de la région Basse-Normandie, qui avait lui aussi demandé, en mars dernier, à François Fillon, alors Premier ministre, un abaissement du gué. La Commission nationale des sites et celle des monuments historiques ont également émis des avis défavorables à l'élévation de la plateforme, suivies en cela par les architectes en charge du projet.
Si l'Unesco n'a pas réagi pour l'instant, ce nouvel incident - après celui du projet de construction d'éoliennes dans le champ de vision du Mont (voir nos articles ci-contre du 30 juin 2011 et du 21 mars 2012) - pourrait inciter le comité du patrimoine mondial à prendre une nouvelle fois position sur la question. Si un retrait du mont Saint-Michel de la liste du patrimoine mondial semble peu probable, la France pourrait bien faire les frais d'un nouvel avertissement.
La polémique sur la plateforme constitue un nouveau déboire pour le grand chantier du réaménagement de baie, après les polémiques sur les parkings, sur les navettes ou sur l'impact de la rénovation sur la fréquentation du site (voir notre article ci-contre du 8 juin 2012).

Jean-Noël Escudié / PCA
 

 

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