Muttersholtz réélue Capitale française de la biodiversité
Huit ans après son premier titre obtenu en 2017, la commune du Bas-Rhin a été réélue cette année Capitale française de la Biodiversité. L’édition 2025, qui avait pour thème "Culture(s) & Biodiversité", a aussi récompensé sept autres collectivités pour leurs actions exemplaires en la matière.
© CC BY-NC-SA 2.0/ Maison de la Nature à Muttersholtz
Une deuxième consécration pour Muttersholtz : déjà gratifiée en 2017 du titre de Capitale française de la Biodiversité, la petite commune du Bas-Rhin (un peu plus de 2.200 habitants) réitère l’exploit pour la 14e édition du concours* qui avait cette année un thème très large "Culture(s) & Biodiversité", englobant tout à la fois les arts, la culture scientifique et naturaliste, le patrimoine et même l’agriculture, l’horticulture, l’histoire, etc.
Muttersholtz voit son engagement à la croisée de la culture, de la biodiversité et de la citoyenneté récompensé. La commune a notamment créé une Maison de l’écologie culturelle, intégrée dans un projet global de réaménagement du cœur du village : parc, liaisons douces et programmation artistique participative (résidences, expositions, spectacles). Sur le long terme, elle restaure un corridor écologique en milieu agricole, via la création de mares, haies, bandes enherbées, et même d’obligations réelles environnementales avec des propriétaires privés. Ce projet est mené en partenariat avec des agriculteurs, des associations naturalistes, la Maison de la Nature et avec le soutien des institutions régionales. À travers son jumelage avec une commune guyanaise, Muttersholtz met aussi en lumière le lien entre biodiversité et cultures autochtones amazoniennes, tout en valorisant localement ces dimensions dans les pratiques artistiques, pédagogiques et naturalistes.
Les "Meilleures communes pour la biodiversité 2025"
Le concours a aussi distingué trois "Meilleures communes pour la Biodiversité 2025" : Mesnières en Bray, en Seine-Maritime, dans la catégorie des communes de moins de 2.000 habitants ; Angoulême, dans celle des communes de moins de 100.000 habitants et Tours dans celle des plus de 100.000 habitants.
La petite commune normande (un peu plus de 900 habitants) a développé une approche originale du lien entre culture et nature, en mobilisant l’art comme vecteur d’éducation et de convivialité, avec des résidences d’artistes, des ateliers de peinture en nature, des expositions photographiques en plein air et des événements participatifs avec les habitants (La Grande Lessive, Mesnières fête l’automne) autour du patrimoine naturel. Engagée dans la gestion différenciée des espaces verts depuis 2004, la commune a inscrit la biodiversité dans son plan local d’urbanisme, avec des mesures concrètes : protection des haies bocagères, infiltration des eaux à la parcelle, aménagements paysagers respectueux de l’identité locale, notamment les traditionnelles haies brayonnes. Les acteurs du territoire (école, lycée agricole, chasseurs, agriculteurs) sont associés à la gestion du patrimoine naturel. Le groupement scolaire intercommunal engage les enfants dans des projets concrets de découverte et de préservation de la biodiversité au travers d’une aire terrestre éducative, en lien avec des artistes et le Conservatoire d'espaces naturels de Normandie.
Angoulême, avec son "fil vert et culturel", repense quant à elle son centre ancien en alliant végétalisation, désimperméabilisation et mise en valeur du patrimoine, en s’appuyant sur un plan-guide de végétalisation réalisé avec le Cerema qui a l’ambition de créer une nature urbaine inspirée des paysages calcaires qui entourent la ville. En parallèle, la municipalité s’attache à valoriser la biodiversité ordinaire en partenariat avec Charente Nature, avec des actions de sensibilisation comme la découverte des plantes sauvages des murs pour inviter les habitants à découvrir la nature présente dans leur quotidien et à porter un nouveau regard sur leur environnement. La dimension culturelle s’exprime également à travers l’exposition "Nature de papier", qui a été présentée en 2024 au musée du Papier sur l’île de la Charente. L’artiste invitée y a proposé un univers poétique où animaux et paysages reconstitués dialoguaient avec le patrimoine local. L’exposition était accompagnée de films et de dispositifs de médiation visant à sensibiliser le public à la fragilité du vivant.
Déjà reconnue pour la qualité de sa gestion écologique de ses espaces verts, la ville de Tours accélère aujourd’hui sa transition en faveur de la biodiversité urbaine et du lien entre habitants et nature. Adopté en 2020, le plan Nature en ville structure l’ensemble des actions municipales autour de l’objectif de rendre la ville plus verte et plus vivante. En plus des nombreuses actions issues du budget communal, Tours anime aussi un dispositif de mécénat d’entreprise, qui a permis de mobiliser plus de 500.000 euros pour financer des projets concrets (plantations d’arbres et d’arbustes, désimperméabilisation et gestion intégrée des eaux pluviales). Elle s’appuie aussi sur son Muséum d’Histoire naturelle et son Jardin botanique engagé dans la sauvegarde des espèces locales et du patrimoine génétique régional. Avec le programme Jardins gourmands et solidaires, la ville favorise également jardinage biologique, bonnes pratiques alimentaires et aide concrète aux foyers les plus démunis avec plus de 10 tonnes de légumes produits par les jardiniers municipaux et distribués via des associations locales. Enfin, Tours est signataire du Manifeste de la Loire, et œuvre en faveur des droits du Fleuve.
Les "Meilleures intercommunalités pour la biodiversité 2025"
Le concours a aussi distingué quatre "Meilleures intercommunalités pour la biodiversité 2025" : deux dans la catégorie des intercommunalités rurales - la Communauté de communes Côte d'Émeraude (Ille-et-Vilaine et Côtes d’Armor) et la Communauté de communes Bruyères Vallons des Vosges – et deux dans celle des intercommunalités urbaines - Agglopolys agglomération de Blois et CapAtlantique La Baule-Guérande Agglo.
Lauréate nationale en 2023 d’un trophée national pour le volet "mobilisation" de son Atlas de la biodiversité communale, la communauté de communes Côte d’Émeraude déploie depuis un plan d’action mêlant écologie scientifique, art et participation citoyenne. Huit espèces "parapluies" représentées chacune par une œuvre de l’artiste Sybille Besançon, servent à mobiliser les communes tous les six mois au cours d’une rencontre où elles s’échangent les oeuvres pour symboliser leur prise de responsabilité et agissent pour préserver l’espèce concernée, avec un soutien financier et technique de l’intercommunalité. Les habitants sont mobilisés à travers des "bio défis" mensuels, tandis que l’exposition itinérante La fantastique biodiversité de la Côte d’Émeraude relie art et sensibilisation environnementale. L’office de tourisme intercommunal est aussi formé et mobilisé pour proposer activités et informations aux estivants en lien avec le patrimoine naturel local.
Elue en 2024 Capitale française de la biodiversité sur le thème "Sobriété & Biodiversité", la communauté de communes de Bruyères Vallons des Vosges est à nouveau récompensée cette année sur le thème "Culture & Biodiversité". La collectivité expérimente une évaluation sensible du territoire, alliant résidences d’artistes et accompagnement sociologique pour intégrer les émotions et perceptions des habitants dans ses politiques publiques. Elle multiplie les actions ludiques – de l’École des sports nature aux escape games et cartes au trésor – pour sensibiliser tous les publics, même peu intéressés par le sujet de la biodiversité, des adolescents jusqu’aux seniors.
Agglopolys, la communauté d’agglomération de Blois, articule étroitement les enjeux liés à la biodiversité, au climat et à la culture du risque. Elle dispose d’un Atlas de la biodiversité communale couvrant 43 communes et s’appuie sur un réseau d’associations naturalistes et sur la formation de ses 1.600 agents pour faire émerger une véritable culture du vivant à tous les niveaux de l’action publique. Agglopolys mène également des projets de renaturation, comme la reconversion du secteur de La Bouillie, ancien déversoir de crue de la Loire : 52 hectares déconstruits et rendus à la nature et aux activités de loisirs ou d’agriculture. Avec l’Observatoire Loire et le projet culturel REGARD, la collectivité fait du fleuve un lieu d’expérimentation artistique, éducative et citoyenne, reliant patrimoine, écologie et créativité. Le programme Pasto’Loire animé par le Conservatoire d’espaces naturels Centre-Val de Loire, complète cette action en alliant élevage local et gestion écologique.
CapAtlantique La Baule-Guérande Agglo s’appuie pour sa part sur plus de vingt ans d’expertise naturaliste et de partenariats, autour notamment de la gestion de sites Natura 2000. Avec son Atlas de la biodiversité communale mené en partenariat avec le Parc naturel régional de Brière, l’agglomération fonde sa stratégie Biodiversité, adoptée à l’unanimité du conseil communautaire en 2025, sur une connaissance fine des milieux et sur une gestion écologique concertée avec les différentes parties prenantes.
Avec le programme européen Life Salina, elle a œuvré pour la conciliation entre activité salicole et préservation des oiseaux migrateurs, tandis que des diagnostics agro-environnementaux accompagnent les agriculteurs volontaires pour la mise en place d’aménagements en faveur de la faune et de la flore. Sa charte forestière et son programme de restauration de 300 mares favorise la préservation et le retour d’espèces patrimoniales, sur le domaine public comme privé. Enfin l’agglomération forme son office du tourisme intercommunal aux questions de biodiversité et de fréquentation des espaces naturels.
La remise des trophées et le colloque de restitution de l’édition 2025 du concours auront lieu jeudi 20 novembre dans les locaux de la Fédération des parcs naturels régionaux à Paris.
L’ouverture de l’édition 2026 du concours Capitale française de la Biodiversité aura aussi lieu en novembre 2025. Communes et intercommunalités françaises seront invitées à faire acte de candidature jusqu’au 27 février 2026 sur www.capitale-biodiversite.fr/participer afin de faire connaître et valoriser leurs actions en matière de renaturation et de restauration de milieu naturel ou de programme de protection d’espèces en lien avec les activités humaines, qu’il s’agisse de solutions fondées sur la nature pour limiter le risque d’inondation, de concilier les activités productives et la faune et la flore sauvage (agriculture, sylviculture…), d’engagement citoyen ou encore de verdissement des villes et villages pour à la fois lutter contre l’effet d’îlots de chaleur urbain, gérer les eaux pluviales, contribuer au bien-être des habitants et freiner l’érosion de la biodiversité.
*Organisé par les ministères de la Transition écologique et de l'Aménagement du territoire, l’Office français de la biodiversité, le Cerema, Plante & Cité, centre technique national sur les espaces verts et la nature en ville, et les Agences régionales et collectifs régionaux pour la Biodiversité coordonnés par l’Agence régionale de la Biodiversité en Île-de-France, le concours bénéficie aussi de l’appui de nombreux partenaires (Fédération des parcs naturels régionaux de France, Régions de France, Centre national de la fonction publique territoriale, agences de l’eau, Intercommunalités de France, France urbaine, Villes de France, etc.).