Sécurité - Nouvelles polémiques sur l'armement des policiers municipaux

Deux syndicats de police municipale "pro-armement" réagissent vivement aux prises de position du sénateur-maire de Marseille Jean-Claude Gaudin (UMP) et du député du Finistère Jean-Jacques Urvoas (PS).

"Si armer la police municipale était la bonne solution, il y aurait moins de délinquance dans les villes où elle a été mise en oeuvre. Or aucune statistique ne l'a démontré jusqu'à présent." Cette phrase de Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire UMP de Marseille, interrogé par Le Figaro (édition du 30 août), sur les renforts policiers dont sa ville va bénéficier, a eu le don d'irriter la Fédération autonome de la fonction publique territoriale (FA-FPT) Police municipale. "L'armement des policiers municipaux est un faux débat, il s'agit de garantir l'intégrité physique de vos agents afin que ceux-ci interviennent en toute sécurité", lui rétorque Fabien Golfier, le délégué national du syndicat, dans un courrier daté du 31 août. Ce dernier se félicite de la décision de la mairie de Marseille d'augmenter ses effectifs de police municipale de 100 agents mais s'interroge sur leur sécurité : sur l'efficacité de l'armement des policiers municipaux, "certes rien, ni aucun chiffre n'appuie le fait qu'il s'agit de la recette miracle, admet le syndicaliste. Néanmoins il s'agit d'assurer la sécurité de vos employés, ce qui relève de votre responsabilité."
Mais le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas, le "Monsieur Sécurité" du Parti socialiste, va plus loin que le maire de Marseille. Dans un livre intitulé "Onze propositions chocs pour rétablir la sécurité" (Fayard), il propose tout bonnement de revenir sur l'armement des policiers municipaux. Et il s'attire les foudres du Syndicat national des policiers municipaux (SNPM-CFTC). Celui-ci "s'indigne" en effet, dans un communiqué, du "mépris affiché par M. Urvoas pour les missions exercées au quotidien par des milliers de collègues policiers municipaux". "Il veut même retirer le droit des policiers municipaux de porter un uniforme", précise le président du syndicat Frédéric Foncel : "Enfermé dans sa vision technocratique de la sécurité, M. Urvoas ne voit que des fonctionnaires territoriaux."

40% des 3.500 polices municipales sont armées

La question de l'armement des policiers municipaux a été mise en avant par de nombreux syndicats après la mort en service d'Aurélie Fouquet le 20 mai 2010. Ils attendaient des annonces fortes lors des Premières rencontres de la police municipale le 20 juin dernier, à Nice. Mais le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, avait alors déclaré que cette question devait être examinée au cas par cas, dans le cadre des conventions de coordination avec la police nationale. Le ministre s'était en revanche engagé à financer à hauteur de 50% quelque 10.000 gilets pare-balles. Aujourd'hui, environ 40% des 3.500 polices municipales sont armées. S'agissant de la répartition des compétences entre police municiaple et police nationale, une circulaire des ministres de l'Intérieur et de la Justice est récemment venue rappeler que les policiers municipaux ne devaient en aucun cas mener des opérations de maintien de l'ordre.