Ondes : l'Anses ne voit pas de justification scientifique à une révision des seuils d'exposition

L'Agence nationale de sécurité sanitaire a publié une expertise actualisée sur les liens possibles entre ondes et risque de cancer. Sur la base de près de mille nouvelles études, elle ne retient pas de lien de cause à effet, tout en maintenant ses recommandations à poursuivre les recherches sur de nouvelles thématiques et à modérer les usages du mobile. Quant à la 5G, le changement de technologie ne justifie pas de révision des seuils d'exposition. Des conclusions vivement dénoncées par l'association Priartem.

L'Anses a rendu publique le 26 novembre 2025 son rapport actualisé  sur les effets cancérogènes des ondes, principalement émises par la téléphonie mobile. Cette évaluation succède aux rapports de 2013 pour les adultes et 2016 pour les enfants. Près de mille nouvelles publications ont été examinées depuis les précédentes expertises, parmi lesquelles figurent des études épidémiologiques de grande ampleur sur les humains, des études expérimentales chez l'animal et mécanistiques au niveau cellulaire. Sur ce volume, 250 articles ont été retenus selon des critères de pertinence, de qualité des protocoles expérimentaux et de robustesse des analyses.

Pas de lien de cause à effet, mais…

Le groupe d'experts a déduit de cette revue des connaissances que "les données disponibles ne permettent pas de conclure à l'existence ou à l'absence d'effets cancérogènes des radiofréquences". Autrement dit : on ne peut ni affirmer qu'il y a un risque, ni affirmer qu'il n'y en a pas.  

Cette conclusion est cependant assortie de nuances. Le rapport relève que "des éléments de preuve limités d'effets des ondes sur des mécanismes cellulaires et chez l'animal ont été mis en évidence". En revanche, les études épidémiologiques sur les humains n'apportent pas d'éléments probants sur l'apparition de cancers chez l'humain. Elle note cependant que plusieurs nouvelles études suggèrent des effets sur la fertilité, incitant à creuser ce sujet. 

La première des recommandations de l'Anses est donc de poursuivre les recherches. Elle invite à harmoniser les protocoles expérimentaux entre études animales et mécanistiques, à continuer l'observation via les registres de cancer, à poursuivre le financement de grandes cohortes et à documenter les usages réels des technologies sans fil au cours du temps.

Entre vigilance et statu quo réglementaire

L'Anses reconnaît ensuite que "le développement massif des usages d'Internet en mobilité (vidéos, réseaux sociaux, etc.), favorisé par les évolutions technologiques 4G, 5G et la densification du réseau d'antennes-relais, entraîne une augmentation progressive de l'exposition aux radiofréquences dans l'environnement, notamment dans les zones urbaines densément équipées." 

Cette intensification des usages conduit l'agence à inciter à "une vigilance continue et à un suivi régulier des niveaux d'exposition réels des populations". Elle recommande aux pouvoirs publics de promouvoir un usage raisonné des mobiles, particulièrement pour les enfants, de favoriser les dispositifs éloignant le téléphone du corps (haut-parleur, oreillette), et de privilégier les connexions Wi-Fi plutôt que les réseaux mobiles en intérieur
Le rapport nuance au passage l'attention à porter au DAS (débit d'absorption spécifique) des mobiles, indicateur qui mesure l'énergie des ondes absorbée par les tissus. Il note que "la valeur du DAS ne semble pas être corrélée à l'intensité des effets biologiques", d'autres paramètres comme la durée d'exposition ou la modulation du signal pouvant être plus déterminants. 
Quant aux seuils réglementaires d'exposition aux ondes des antennes-relais, l'Anses "ne voit pas d'argument qui justifierait de faire évoluer les valeurs limites d'exposition".

Priartem conteste les conclusions de l'Anses

L'association Priartem - Pour une Réglementation de l'Implantation des Antennes-Relais de Téléphonie Mobile - à l'origine de nombreux contentieux sur des implantations d'antennes-relais, a réagi vivement à la publication du rapport de l'Anses. Elle déplore que les experts déclarent aujourd'hui "ne pas pouvoir trancher" alors que les radiofréquences ont été classées "cancérogène possible" en 2011 (CIRC) et 2013 (Anses). L'association dénonce des choix méthodologiques "biaisés" - validation d'études jugées non-conclusives en 2011, rejet des données du Programme national de toxicologie américain "contrairement à l'OMS", segmentation excessive de l'analyse par organe et type d'études... Priartem regrette également que les signaux d'alerte sur la fertilité et le fonctionnement cérébral ne soient pas exploités immédiatement. Elle déplore un message de santé publique "brouillé" qui conduit de facto à poursuivre "l'expérimentation humaine à grande échelle" en attendant des résultats qui n'arriveront que dans des décennies".
On soulignera que le rapport a fait l'objet d'un appel à commentaires qui sont ouverts à la consultation. 

 

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