Opposée aux coupes dans la formation, Régions de France quitte à nouveau France compétences
Deux représentantes de Régions de France ont quitté le conseil d’administration de France compétences pour protester contre la baisse des enveloppes régionales dédiées aux centres de formation d’apprentis et à la formation des demandeurs d’emploi.
© Patrice Bon CC BY-SA 4.0
Nouvelle crise de la "chaise vide" à France compétences. Jeudi 27 novembre, deux représentantes de l’association Régions de France, la vice-présidente de la région Grand Est Valérie Debord et celle de la Nouvelle-Aquitaine Karine Desroses, ont démissionné de leur poste au conseil d’administration de l’établissement public chargé de la répartition des fonds de la formation professionnelle. Un retrait qui vise à protester contre les coupes budgétaires touchant les centres de formation d’apprentis et les plans régionaux d’investissement dans les compétences des demandeurs d’emploi.
Malgré le courrier envoyé la veille par Régions de France au Premier ministre l’appelant à revenir sur ces décisions, le projet de budget 2026 de France compétences va diviser par deux les enveloppes de fonctionnement (44 millions d’euros) et d’investissement (90 millions d’euros) versées aux centres de formation d’apprentis par les régions.
Apprentissage : les premiers niveaux de qualification affectés
Ces nouvelles coupes dans les enveloppes dédiées à l’apprentissage représenteraient "70.000 contrats d’apprentissage supprimés", le poids du financement régional apporté à une formation s’élevant en moyenne à 25% de son coût, selon Régions de France. De quoi affecter les CFA positionnés sur les premiers niveaux de qualification, "parents pauvres de la réforme de 2018" ainsi que ceux du secondaire "où les niveaux de prise en charge sont les plus faibles". Les petits CFA agricoles et autres Maisons familiales rurales "risquent tout simplement de disparaître", selon l’association. Et d’avertir sur des projets de CFA "structurants" qui ne verront pas le jour, "aggravant ainsi la situation du secteur du bâtiment et des travaux publics".
En juin 2024, les régions avaient déjà suspendu leur participation à France compétences après une baisse de 36% - à 88,2 millions d’euros - de l’enveloppe de fonctionnement des CFA (lire notre article). Avant de réintégrer l’instance en octobre (lire notre article), dans une volonté de reprendre le dialogue avec le nouveau Premier ministre d’alors, Michel Barnier. Régions de France réclamait de nouvelles ressources pour couvrir les besoins des CFA. Car depuis le boom de l’apprentissage, l’enveloppe régionale – qui s’élevait à 268 millions d’euros en 2024 - n’a pas été redimensionnée en fonction de la hausse du nombre d’apprentis.
Des "effets dramatiques" sur les organismes de formation
Le budget de France compétences entérine également la réduction de l’enveloppe régionale dédiée à la formation des demandeurs d’emploi. Le PLF 2026 ne prévoit qu’une enveloppe de 627 millions d’euros pour les pactes régionaux d’investissement dans les compétences, un montant inférieur de 20% par rapport aux 800 millions d’euros accordés en 2025 et 2024. Des montants déjà inférieurs aux engagements pluriannuels de l’exécutif puisqu’en 2023, le gouvernement d’Elisabeth Borne s’était engagé à verser aux régions 1,1 milliard d'euros en 2024 et 2025, puis 900 millions d'euros en 2026 (lire notre article).
Soulignant l’effet positif des formations sur l’insertion des demandeurs d’emploi, Régions de France réclame de rétablir le fonds de concours à 800 millions d’euros, via un amendement au PLF au Sénat. Sans cela, l'association craint aussi des "effets dramatiques sur les organismes de formation et particulièrement ceux qui accompagnent les personnes en insertion, les forment aux savoirs de base et aux soft skills".