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Participation électorale des jeunes : le Cese défend le droit de vote dès 16 ans

Au service national universel, le Conseil économique, social et environnemental préfère une "formation au vote dès le plus jeune âge", qui passerait notamment par la mise en œuvre d’une "semaine de la citoyenneté" et de partenariats étroits entre établissements scolaires et collectivités territoriales. 

D’un côté, une "désaffection des jeunes pour les élections politiques" qui n’est pas nouvelle mais qui s’accentue, avec un taux d’abstention de 87% des 18-24 ans au premier tour des dernières départementales et régionales. De l’autre côté, un engagement marqué des jeunes autour de "grandes causes de notre société", telles que le changement climatique et l’égalité hommes-femmes. Pour éclairer ce paradoxe et le résoudre, le Premier ministre a saisi en septembre 2021 le Conseil économique, social et environnemental (Cese). Ce dernier a adopté son avis intitulé "Engagement et participation démocratique des jeunes" le 9 mars 2022.      

Des collectivités davantage impliquées dans la formation démocratique des jeunes

À l’issue de travaux auxquels a contribué une "commission temporaire" composée de 12 citoyens tirés au sort, le Cese appelle à "renforcer l’apprentissage de la démocratie dès le plus jeune âge". La préconisation phare est d’ouvrir le droit de vote aux jeunes dès 16 ans, une évolution qui serait assortie d’une "formation au vote dès le plus jeune âge dans une logique de continuum démocratique". Cette formation passerait notamment par une réforme de l’éducation morale et civique, avec un partenariat étroit avec des associations d’éducation populaire, des organisations de la société civile et des collectivités territoriales. Cela inclurait "des visites obligatoires d’institutions républicaines dans le parcours de formation" et l’intervention d’élus dans les lieux d’accueil des jeunes.

Le Cese recommande également de délaisser le service national universel – qui "ne provient pas d’attentes exprimées par la jeunesse et s’est organisé contre l’avis d’une grande majorité d’associations de jeunesse et d’éducation populaire" – au profit d’une "semaine de la citoyenneté présentant les formes d’engagement et les enjeux des élections" qui prendrait la suite la journée défense et citoyenneté (JDC). Autre idée : pour chaque bureau de vote, la mairie pourrait inviter les "jeunes nouvellement inscrits" à "devenir eux-mêmes assesseurs le jour de l’élection, avec des assesseurs plus expérimentés", une expérience que le jeune pourrait ensuite inscrire dans son compte d’engagement citoyen.

Étendre la "clause d’impact jeunesse" aux politiques territoriales

L’Assemblée représentative de la société civile organisée préconise par ailleurs de mieux "reconnaître la place des jeunes dans les politiques publiques", à travers des dispositifs de type "dialogue structuré" permettant aux citoyens et en particulier aux jeunes de participer à "la conception, la mise en oeuvre et le suivi des politiques publiques". Les jeunes se sentiront davantage concernés s’ils sont directement ciblés par les politiques publiques, estime en outre le Cese qui appelle à "mettre en œuvre réellement l’usage de la clause d’impact jeunesse au plan national" et à l’étendre à l’ensemble des collectivités territoriales. Dans le même esprit, le Conseil demande que les jeunes aient accès dès 18 ans aux aides de droit commun, et notamment aux minima sociaux. Cette dernière mesure n’est pas soutenue par les groupes Agriculture, Artisanat et Professions libérales, Coopération, Entreprises, Familles du Cese qui estiment que "l’effet même indirect quant à son impact sur la participation électorale des jeunes n’est pas démontré".   

D’autres recommandations sont destinées à "faciliter l’accès au vote", via un meilleur accès à l’information et des dispositifs visant à limiter la non-inscription et la mal-inscription, les modalités de vote alternatives – vote électronique notamment – n’étant à ce stade évoquées qu’au titre de "pistes de réflexion".