Archives

Environnement - Pollution aux PCB : "tous les bassins plus ou moins touchés", selon l'association Robin des Bois

Interdits, les polychlorobiphényles (PCB) ne cessent pourtant de contaminer les cours d'eau en France, et désormais "tous les bassins sont plus ou moins touchés" par des arrêtés réglementant la consommation de poissons, a déclaré le 16 octobre à l'AFP Jacky Bonnemains, président de l'association écologiste Robin des Bois qui vient de publier la 5e édition de son atlas des sites pollués aux PCB.
Plus connus sous le nom de pyralènes, les PCB sont connus pour entraîner chez l'homme, s'ils sont ingérés régulièrement sur une longue durée, des problèmes de fertilité, de croissance ou des cancers. "On va vers une catastrophe sanitaire lente et la réponse des autorités à cet empoisonnement n'est pas à la hauteur", a estimé Jacky Bonnemains. Cette pollution "insidieuse" par cette molécule particulièrement résistante n'a pas "l'impact psychologique d'une catastrophe soudaine comme le déversement massif de boue rouge ou la rupture d'un barrage", explique-t-il.
Selon le président de Robin de Bois, le constat "le plus inquiétant" de la nouvelle édition de l'atlas est "l'extension des arrêtés préfectoraux d'interdiction ou de restriction de la consommation des poissons". "Maintenant, tous les bassins sont plus ou moins touchés", indique-t-il, s'inquiétant particulièrement de la situation de la Seine et de la Somme.
L'association a recensé 416 sites contaminés terrestres contre 361 lors du premier inventaire en mai 2008. Il s'agit de bâtis, sols ou sous-sols industriels, ou d'autres milieux qui, après dépôts, infiltrations..., sont devenus le réceptacle de substances contaminées aux PCB. Par rapport à l’inventaire de février 2010, 14 nouveaux sites ont été inclus :  Bettrechies et Maing (59) dans le bassin Artois-Picardie ; Billy-sur-Aisne (02) et Cousances-les-Forges (55) dans le bassin Seine-Normandie ; Nancy (54), Blénod-les-Pont-à-Mousson (54), Château-Salins (57) et Niedermodern (68) dans le bassin Rhin-Meuse ; Mary (71) dans le bassin Loire-Bretagne ; La-Motte-du-Caire (04), Nice (06), Pont-Evêque (38) et Toulon (83) dans le bassin Rhône-Méditerranée et Bègles (33) dans le bassin Adour-Garonne.

Bien que complètement interdits à la vente depuis 1987, les PCB continuent d'être dispersés. Un phénomène en partie attribuable aux inondations, mais aussi au "mauvais repérage des appareils contenant des PCB et qui continuent à fonctionner". "Il y aussi beaucoup d'usines qui ferment et sont abandonnées avec des transformateurs électriques au PCB à l'intérieur. Ces sites sont très souvent vandalisés et le liquide répandu dans les sols", explique Jacky Bonnemains. De manière générale, "il faut un traitement beaucoup plus énergique pour dépolluer les sites terrestres", et ainsi freiner le transfert des PCB vers les cours d'eau, estime-t-il.

Dans l'immédiat, l'association met en garde sur le non-respect du calendrier prévu par le plan national d'élimination des PCB. L’échéance fixée par le plan pour les appareils contenant plus de 500 parties par million (ppm) de PCB arrive à son terme dans moins de trois mois. Mais un grand nombre d’établissements publics (groupes scolaires, hôpitaux, mairies…) n’ont pas éliminé les appareils qu’ils détiennent, ni même prévu de protocole d’élimination. "Certains hôpitaux traînent des pieds même si la doctrine du ministère de l’Ecologie en la matière est de ne pas accorder de dérogation", souligne l'association. "Il est sûr que la date butoir du 31 décembre 2010 ne sera pas respectée et que la France comme d’autres pays européens sera exposée à des risques de contentieux de la part de la Commission européenne", prédit-elle.

Anne Lenormand avec AFP