Pollution des sargasses aux Antilles : les chambres régionales des comptes critiquent la gestion par les collectivités

La gestion des algues sargasses qui s'échouent massivement aux Antilles reste chaotique et mal encadrée, estiment les chambres régionales des comptes (CRC) des Antilles-Guyane et les chambres territoriales des comptes Saint-Barthélemy Saint-Martin dans un rapport publié ce 5 juin, pointant des lacunes juridiques, financières et organisationnelles.

"L'absence de statut juridique de la sargasse comme déchet" rend "complexe la lutte contre le phénomène", note tout d'abord le document, soulignant que la responsabilité revient aux maires, alors que de nombreux acteurs publics interviennent sans coordination claire sur le littoral. 

La gestion en interne est la première méthode déployée par les collectivités à l’apparition du phénomène. Mais faute de ressources et en l’absence d’une gestion financière rigoureuse, ces actions sont jugées "peu concluantes". Les collectivités ont par la suite passé des marchés de prestations de collecte et obtenu des résultats plus encourageants, estime le rapport. "Néanmoins, à quelques exceptions près, la mise en œuvre de cette gestion externalisée est irrégulière, ne respectant pas les dispositions du code de la commande publique, et est insuffisamment contrôlée", relève-t-il.

"La comptabilisation du coût réel de la gestion des sargasses n'est pas fiable, sauf pour les îles du Nord", Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui ont installé des systèmes de contrôle, notent-elles. Seule Saint-Barthélemy fait office de bonne élève, en ayant "intégré la lutte contre les sargasses dans une vision de long terme du territoire, (...) intégralement financée par la collectivité". Ailleurs, les dépenses sont mal tracées, les équipements parfois "financés à perte", faute d'entretien et de compétences. Certains terrains de stockage ne respectent pas "les normes juridiques, sanitaires et environnementales", relève le rapport qui mentionne aussi des barrages flottants expérimentaux, parfois efficaces mais coûteux à entretenir.

Résultat : les communes peinent à faire face lors d'échouages massifs, comme ceux survenus cette année. Selon des scientifiques américains, quelque 31 millions de tonnes de sargasses dérivent actuellement dans l'océan Atlantique. 

Les chambres déplorent aussi un manque d'information du public sur les émanations toxiques libérées par les algues en décomposition, aux effets sanitaires documentés. La science tâtonne encore sur les causes du phénomène alors que les sargasses étouffent la biodiversité quand elles s'échouent. Aux impacts sanitaires s'ajoutent des conséquences économiques et touristiques. Lors du dernier comité interministériel de la mer, qui s’est tenu le 26 mai dernier, le Premier ministre, François Bayrou, a annoncé le lancement "dans les mois qui viennent" d’un troisième plan de lutte contre la prolifération des sargasses qui devrait être axé notamment sur "le soutien à la collecte et à la destruction de ces algues".

 

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