Premier anniversaire du plan eau : "100% des mesures engagées", se félicite le gouvernement

Près d'un an après le lancement du plan eau par Emmanuel Macron, le gouvernement s'est félicité ce 22 mars que la totalité des 53 mesures prévues, en particulier sur la sobriété des usages, soit engagée et a dévoilé la liste des 55 sites industriels qui seront accompagnés dans leurs efforts de réduction de la consommation d'eau. Alors qu'un peu plus d'un quart des mesures du plan eau sont effectivement mises en œuvre, celles liées à la qualité de la ressource devraient constituer le "chantier" des prochains mois selon le ministère de la Transition écologique.

A l'occasion de la Journée internationale de l'eau, célébrée ce 22 mars, le gouvernement a dressé le bilan du plan eau, près d'un an après sa présentation par Emmanuel Macron (lire notre article). Il s'est félicité que la totalité des 53 mesures prévues pour mieux gérer cette ressource menacée - avec pour premier objectif d'atteindre -10% d'eau prélevée (extraite de sources souterraines ou de surface et consommée ou restituée) d'ici 2030 dans le pays -, soit aujourd'hui engagée et qu'"un travail très important" ait été réalisé "au sein des comités de bassin pour territorialiser la trajectoire de sobriété du plan".

55 sites industriels accompagnés

26% des dispositions du plan sont entrées en phase de mise en œuvre, selon le bilan du ministère. Parmi celles-ci, la carte des 55 sites industriels qui bénéficieront d'un "accompagnement de proximité" pour réduire leur consommation en eau a été dévoilée. Agroalimentaire, chimie, électronique, métallurgie, sidérurgie, outillage, équipement, papeterie, raffinage... ils représentent à eux seuls 25% de la consommation d'eau de l'industrie française, le secteur industriel absorbant au total 4% des quelque 4,1 milliards de m3 d'eau douce consommés chaque année en France, loin derrière l'agriculture (58%).

Situés dans une trentaine de départements, les sites accompagnés "se sont engagés à baisser de plus de 10% leur consommation avant 2030 et puis davantage au-delà", a indiqué ce vendredi Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, sur France 2. "Ces plans représentent à horizon 2030 160 projets allant jusqu’à 327 millions d’euros d’investissement, pour une économie d’eau de 77 millions de m3, soit 12,6% du total des prélèvements de l’ensemble des sites engagés dans la démarche", a précisé le ministère chargé de l'Industrie. Parmi les acteurs concernés figurent notamment plusieurs sites du géant de l'acier ArcelorMittal, un de Coca-Cola, un de Danone ou encore un de Saint-Gobain. La chimie et l'agroalimentaire représentent plus de la moitié des sites concernés.

Plans de sobriété pour 16 filières

En parallèle, 16 filières du Conseil national de l’industrie ont présenté des plans de sobriété hydrique, s’engageant ainsi dans plus de 100 actions pour accompagner les entreprises industrielles vers la sobriété hydrique, a précisé le ministère chargé de l'Industrie. "Ces actions permettront une meilleure connaissance des prélèvements, la sensibilisation d’un grand nombre d’acteurs industriels et au partage de bonnes pratiques, afin de contribuer à l’objectif national de 10% d’économies d’eau à horizon 2030", a-t-il ajouté. Christophe Béchu et Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Energie ont aussi signé ce 22 mars le nouveau contrat de filière du Comité stratégique de la filière de l’eau (CSF Eau). Composée de plus de 5.000 entreprises, celle-ci a "un rôle central à jouer dans les efforts de sobriété en eau en apportant des solutions innovantes aux industriels ainsi qu’aux collectivités territoriales", souligne le gouvernement. Portant sur la période 2024-2028, le contrat de la filière s’articule autour de cinq axes : résilience des territoires, qualité de l’eau, compétences et attractivité, accompagnement des autres filières, export.

Résorption des fuites : 93 communes soutenues par les agences de l'eau

Christophe Béchu s'est par ailleurs félicité que sur les 171 communes identifiées dans le plan eau comme perdant plus de 50% de l'eau dans des fuites, le problème ait été "réglé" pour 93 d'entre elles. Ces communes ont bénéficié d'un accompagnement des agences de l'eau. Mais ce 20 mars, Intercommunalités de France avait cependant dévoilé qu'au total, 198 collectivités, la plupart situées en zone de montagne, affichaient un taux de fuite de leur réseau d'eau potable supérieur ou égal à 50% (lire notre article).

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En France, le taux de fuite dans le réseau de distribution d'eau est de l'ordre de 20% et Emmanuel Macron avait annoncé il y a un an un plan de 180 millions d'euros par an pour résorber ces fuites. Intercommunalités de France a de son côté estimé le besoin annuel d'investissement dans les réseaux d'eau potable entre 3 et 5,4 milliards d'euros alors que 2,3 milliards d'euros sont actuellement mobilisés.

 

Retenues d'eau : à regarder "projet par projet"

Le plan eau intervient dans un contexte de raréfaction de la ressource sous l'effet du changement climatique, avec des sécheresses récurrentes qui entraînent des restrictions des usages pendant l'été. Des tensions se cristallisent notamment autour des "bassines", ces retenues d'eau dédiées à l'irrigation agricole. Le collectif écologiste les Soulèvements de la Terre a ainsi appelé à converger à partir de vendredi à proximité de Sainte-Soline, théâtre de violents affrontements entre gendarmes et opposants il y a un an. La France a "besoin de davantage de retenues" d'eau, notamment dans les montagnes, même s'il faut regarder "projet par projet" pour identifier "ceux sur lesquels il y a matière à accélérer et ceux sur lesquels il peut y avoir des débats", a estimé le ministre de la Transition écologique. Dans son dernier point mensuel, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a relevé que les nappes phréatiques en France sont globalement dans un bien meilleur état que l'an dernier même si des points noirs persistent en Languedoc-Roussillon.

Qualité de l'eau : la question de la priorité des captages jugée "centrale"

Mais la qualité de l'eau suscite aussi l'inquiétude de riverains, ONG et municipalités face aux pollutions par les pesticides et les "polluants éternels" (PFAS). La Métropole de Lyon a ainsi saisi la justice mardi pour tenter de faire appliquer le "principe pollueur-payeur" aux industriels Arkema et Daikin dans le dossier des PFAS, qui imposent de coûteux travaux sur ses réseaux d'eau potable (lire notre article). "Cette pollution qui renchérit le coût de l'eau et de l'assainissement et les phénomènes de sécheresse entraînent une raréfaction de l'eau voire une pénurie dans certains territoires et posent la question d'un meilleur partage de la ressource", plaide vendredi la CLCV.

Si la première année de mise en œuvre du plan eau était axée sur la sobriété, la deuxième "portera davantage sur la préservation de la qualité de la ressource", assure le ministère. Ainsi, "la question de la protection des captages sera absolument centrale". Sur ce sujet, le "groupe national captage va continuer à travailler" ces prochains mois, dans l’objectif "d’avancer sur un ensemble de textes sur la protection des captages sensibles".

Compétences eau et assainissement : les élus de montagne remontent au créneau

"A la suite des multiples alertes de maires de montagne sur le transfert obligatoire des compétences eau et assainissement, l’Association nationale des élus de la montagne (Anem) demande que ce transfert devienne facultatif". Dans un communiqué diffusé ce 22 mars, l'association repasse à l'offensive contre le transfert obligatoire des compétences eau et assainissement aux communautés de communes prévu au plus tard le 1er janvier 2026. "De nombreuses communes de montagne souhaitent conserver la maîtrise des compétences eau et assainissement, qu’elles gèrent en proximité, à la satisfaction des usagers, qu’il s’agisse du prix modéré ou de la qualité du service", fait-elle valoir, deux jours après le plaidoyer inverse d'Intercommunalités de France (lire notre article).
Selon l'Anem, "imposer de façon systématique et arbitraire un transfert de compétences aux intercommunalités représente trois risques majeurs" : "éloigner le service des usagers domestiques et professionnels, dont certains ont une activité très dépendante comme c’est le cas pour l’agriculture qui est un socle de l’économie montagnarde" ; "augmenter le prix du service de l’eau", alors que "les équipes municipales ont souvent le souci de réduire au maximum les frais de fonctionnement afin de proposer à leurs concitoyens un tarif abordable pour ce bien de première nécessité" ; "réduire la connaissance des réseaux d’eau et la prise en compte des enjeux spécifiques de l’eau dans les territoires de montagne, où les terrains sont accidentés et l’habitat dispersé". L’association ne se dit pas opposée en soi au transfert de ces compétences à l’intercommunalité, mais "au principe d’un transfert obligatoire". "Le service de l’eau, dont la logique dépasse les frontières administratives, avec un coût de fonctionnement réduit au minimum, est pris en charge de façon pragmatique et quotidienne par les élus de montagne", estime-t-elle.

 

 

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