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Près d'un maire sur deux pense ne pas se représenter en 2020

A l'approche du congrès des maires, le Cevipof a mené une vaste enquête auprès des élus municipaux. Qui confirme l'existence d'un malaise chez les édiles, en particulier ceux des petites communes.

Près d'un maire sur deux (49%) affirme qu'il ne se représentera pas aux prochaines élections municipales qui se dérouleront début 2020. C'est ce qui ressort d'une enquête que le Cevipof vient de mener pour l'Association des maires de France (AMF) auprès des édiles municipaux.
Le centre d'études rattaché à Sciences Po Paris a pu recueillir entre le 12 octobre et le 3 novembre les réponses de 4.650 maires à un questionnaire sur l'exercice de leur fonction. À la question portant sur leurs projets à venir, 49% affirment déjà qu'ils "abandonneront tout mandat électif" en 2020. Nul doute qu'il faut voir dans ce pourcentage "une certaine crise des vocations", selon les termes de Martial Foucault, directeur du Cevipof. Lequel rappelle qu'en 2014, 60% des maires sortants avaient été réélus.
La volonté de raccrocher l'écharpe est en fait surtout exprimée par les élus des petites communes, qui sont de loin les plus nombreux. 55% de ceux qui sont à la tête d'une commune de moins de 500 habitants envisagent de renoncer à tout mandat, contre 28% pour leurs homologues des communes de 5.000 à 10.000 habitants et 9% pour ceux des communes de plus de 30.000 habitants.

Perte d'autonomie

71% des maires qui souhaitent quitter la scène politique invoquent la volonté de privilégier la vie familiale et personnelle. Autre motivation : le sentiment d'avoir rempli leur devoir civique (52%). Les "exigences des administrés" sont le troisième motif de retrait de la vie politique (plus de 36%) devant l'insuffisance des moyens financiers (près de 34%), ou encore le manque de personnels (15%). À noter encore : près d'un maire sur six (15%) a le sentiment de ne pas être utile. Selon le Cevipof et l'AMF, ce dernier résultat traduit tout autant le choix des pouvoirs publics nationaux de cantonner les maires dans un rôle "d'exécutant" que d'une intercommunalité qui a pris beaucoup de poids. "Le rapport des maires aux regroupements intercommunaux suscite beaucoup d'irritation et un sentiment de 'dépossession' de leur action publique locale, constatent les deux structures à l'origine du sondage. Cette "perte d'autonomie" est mal vécue par des maires qui avaient été élus "sur des projets de transformation et d'amélioration du cadre de vie quotidien", soulignent-elles.
Sans surprise, la loi Notr du 7 août 2015, qui a accru l'aire des intercommunalités et programmé le transfert de plusieurs compétences communales, est jugée négativement par les trois quarts des maires.

Le statut de l'élu local, à nouveau sur le métier

Si la campagne menée sur les réseaux sociaux pour dénoncer les élus ayant augmenté le taux de la taxe d'habitation a pu avoir une influence sur les réponses apportées à l'enquête, ce triste épisode n'explique probablement qu'à la marge la volonté des maires de ne pas se représenter. Dès le début de cette année, 45% des quelque 17.500 élus locaux interrogés par la délégation sénatoriale aux collectivités et à la décentralisation déclaraient déjà "envisager de quitter la politique à l'issue de leur mandat.
"Pour tenter d'apporter des réponses au "malaise" des élus locaux, la ministre en charge de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales a réuni au début de ce mois les associations d'élus locaux pour évoquer avec elles des pistes permettant d'améliorer les conditions d'exercice des mandats locaux. Un sujet sur lequel les sénateurs viennent de faire 43 propositions. Nul doute qu'au cours du congrès des maires, le gouvernement mettra en avant sa volonté d'avancer sur le dossier.