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Service public - Prix de l'eau : l'UFC-Que choisir réclame à Suez et Veolia des comptes "détaillés"

Le bras de fer entre l'UFC-Que choisir et les entreprises de l'eau suite à la dernière enquête de l'association de consommateurs sur les prix de l'eau en France se poursuit. Après la vive réaction de la Fédération des entreprises de l'eau (FP2E) qui a dénoncé "les graves erreurs de calcul" de l'UFC, cette dernière a réclamé le 20 novembre que les groupes Suez et Veolia publient leurs "comptes détaillés" pour les prix de l'eau des agglomérations épinglées dans son enquête, au lieu de "renvoyer à des comptes administratifs extrêmement agrégés, donc illisibles".
L'UFC-Que choisir explique en outre que pour établir ses calculs, elle s'est "appuyée sur des rapports émanant des pouvoirs publics qui sont cités et sourcés par son enquête", tandis que "la FP2E se contente de puiser quelques chiffres dans les factures de Veolia et Suez en estimant qu'il s'agit de données objectives".
L'UFC-Que choisir déplore enfin que la rubrique de son site internet mise à disposition des entreprises et des collectivités concernées et "proposant, sans commentaires, les calculs détaillés de ces acteurs", soit "à ce jour une page blanche".
Il y a une "volonté de nuire à tous les acteurs" de l'eau, a aussitôt rétorqué la FP2E, en expliquant que les comptes concernant les prix de l'eau étaient publics. "Ce sont les comptes annuels de résultat, contrat par contrat", conformément à un décret de mars 2005 "qui décrivent précisément tout ce qu'il doit y avoir, par exemple les frais de personnel, les frais d'assurance, les frais d'analyse, les impôts et taxes", a-t-elle précisé.
Le ministère de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables (Medad) a tenté de calmer la polémique en expliquant sur son site internet que "l'absence de données homogènes" sur le prix de l'eau en France "accroît le risque d'interprétations divergentes des chiffres bruts". Selon le ministère, "le juste prix de l'eau ne peut être uniforme partout en France puisqu'il est lié à des caractéristiques locales telles que la qualité de l'eau prélevée, la densité des populations ou le niveau de service proposé à l'usager". Il rappelle à cet égard que des "indicateurs" sur le prix de l'eau qui prendront en compte également "la mesure du rendement des réseaux" et la "conformité du traitement des eaux usées" seront opérationnels en 2008, conformément à un décret du 2 mai 2007. Le suivi des indicateurs sera assuré par l'Office national de l'eau et des milieux aquatiques (Onema), créé par la loi sur l'eau du 30 décembre 2006.
L'Onema doit aussi mettre en oeuvre un "observatoire national du prix, de la qualité et de la performance des services d'eau et d'assainissement", autour duquel le ministère prévoit de réunir tous les acteurs concernés au premier trimestre 2008.
En outre, les agences de l'eau doivent mettre en place au cours de leur programme 2007-2012 un "observatoire des coûts par bassin hydrographique" tandis que le Comité national de l'eau, instance de concertation des acteurs de l'eau où siègent associations de consommateurs et entreprises, rendra "un avis" sur l'exploitation de ces données.

 

Anne Lenormand avec AFP