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Logement - Quand le bâtiment ne va pas, tout part à vau-l'eau

La Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) - 357.000 entreprises, 77,7 milliards d'euros de chiffre d'affaires, 702.000 salariés et 71.000 apprentis - publie sa note de conjoncture sur le deuxième trimestre 2013. C'est peu dire que les chiffres sont médiocres. Au cours des trois derniers mois, l'activité des artisans et des petites entreprises du bâtiment affiche en effet, en tendance annuelle, un nouveau recul de l'activité de 4% en volume et de 3% en valeur. Il s'agit du cinquième trimestre consécutif de baisse, ce qui place le secteur "dans une situation profondément préoccupante".

- 7,5% dans la construction neuve

Ce recul atteint 7,5% dans la construction neuve. Les travaux d'amélioration de la performance énergétique du logement, qui tiraient jusqu'alors le secteur, stagnent désormais (0%), alors qu'ils affichaient encore une croissance de 3% au deuxième trimestre 2012. Du coup, l'activité d'entretien-restauration (dont ils constituent une composante importante) recule de 2%. Ces mauvais chiffres renouvelés conduisent la Capeb à réviser à la baisse ses prévisions déjà pessimistes pour 2013. Le recul de l'activité globale en volume sur l'ensemble de l'année 2013 pourrait ainsi se situer entre -3,5% et -4%. Il atteindrait -6,5% à -7,5% dans le neuf et -0,5 à -1,5% dans l'entretien-rénovation.
Ce recul de l'activité de 4% affecterait toutes les entreprises, quelle que soit leur taille. Il a d'ores et déjà des conséquences concrètes sur la situation économique des artisans et des petites entreprises du bâtiment. Tout d'abord, leur carnet de commandes se contracte : de 87 jours de travail au premier trimestre 2013, il passe à 82 jours au second trimestre. Petite nuance d'espoir : les chefs d'entreprises estiment que leurs carnets de commandes devraient connaître un moindre ralentissement au troisième trimestre 2013.
Ensuite, la trésorerie des entreprises se dégrade rapidement. Si 6% des professionnels déclarent connaître une amélioration de leur trésorerie au deuxième trimestre, 38% affichent au contraire une détérioration. De même, 48% des entreprises font état de besoins de trésorerie à la hausse, ce dernier passant, en moyenne, de 22.000 euros en avril 2013 à 24.000 euros en juillet 2013.
Pour Patrick Liébus, président de la Capeb, "la situation actuelle est très inquiétante. Après cinq trimestres de baisse d'activité consécutifs, beaucoup d'entreprises sont exsangues. L'emploi paie un lourd tribut à cette situation : 9.000 entreprises ont cessé leur activité durant le premier trimestre 2013, un triste record qui en annonce d'autres !". Il juge donc "primordial de redonner de la confiance, de l'envie et des moyens aux ménages pour investir : la TVA à 5% dans l'entretien-rénovation en serait le plus bel exemple".

Les collectivités au secours du bâtiment ?

Dans cet environnement très morose, le seul indicateur au vert concerne la demande émanant des collectivités territoriales. L'étude de la Capeb montre en effet que 37% des artisans disent avoir travaillé pour des collectivités au deuxième trimestre 2013, contre 30% un an plus tôt. C'est d'ailleurs le taux le plus élevé depuis 1999.
De même, 26% des entreprises travaillant pour le compte des collectivités territoriales ont déclaré une hausse de leur chiffre d'affaires, alors qu'elles n'étaient que 8% au trimestre précédent. La Capeb se demande toutefois s'il ne faut pas voir dans cette soudaine demande de travaux un phénomène préélectoral, qui risque donc de ne pas durer.