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Logement - L'activité du bâtiment pourrait reculer de 3,5% en 2013, avec 40.000 suppressions d'emplois

Didier Ridoret, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), dresse un sombre tableau de la situation et des perspectives du secteur. Sobrement intitulée "Trop, c'est trop !", son intervention en conférence de presse du 12 décembre avait pourtant commencé par une touche d'optimisme, puisque "l'année 2012 s'est révélée moins mauvaise que prévue, avec une baisse de l'activité limitée à 1,2% en volume, et pas 1,9% comme nous l'avions craint en novembre 2011". Un moindre mal qui s'explique par un second semestre 2012 moins difficile qu'anticipé, notamment dans le secteur de l'amélioration-entretien. Conséquence principale de ce ralentissement de la chute : le secteur du bâtiment ne perdra "que" 14.500 emplois cette année - au lieu des 35.000 redoutés -, soit une contraction de 1,1%.

Un "effondrement" de la construction neuve

Mais là s'arrêtent les bonnes nouvelles. La FFB estime en effet que "le contexte général de 2012 pèsera [...] lourdement sur l'activité de l'année prochaine". Les raisons de cette prévision pessimiste tiennent à "une croissance atone, un taux de chômage qui dépassera durablement la barre symbolique des 10%, un moral des ménages et des investisseurs en berne, un accès aux sources de financement plus restreint, ainsi qu'un net durcissement de l'environnement institutionnel". En outre, le fort recul des mises en chantier observé en 2012 (voir nos articles ci-contre) "pèsera de tout son poids" sur l'activité des entreprises du secteur l'an prochain.
La FFB prévoit donc, pour 2013, un recul de l'activité de 3,5%, soit une baisse cumulée de 6,6% depuis 2009 et de 17,1% depuis 2007. La fédération prévoit par ailleurs la perte de 40.000 emplois ("plus de 60 fois les effectifs de Florange !", aime à comparer les professionnels du secteur), dont 15.000 en intérim. Aussi Didier Ridoret n'hésite-t-il pas à évoquer "une véritable dépression". Ce recul de l'activité prévu pour 2013 tient essentiellement à "l'effondrement" de la construction neuve (-8,9% pour le logement et -4,4% pour le non-résidentiel), alors que l'amélioration-entretien devrait continuer de bien se tenir dans ce contexte très défavorable (-0,5%).

Les 500.000 constructions neuves inatteignables

Le "Trop, c'est trop !" du communiqué de la FFB ne vise évidemment pas que les aléas de la conjoncture économique. Il s'adresse aussi aux "mesures fiscales et réglementaires restrictives [qui] pleuvent depuis 2011" (la fédération fixant le point de départ au plan Fillon de novembre 2011, qui a porté la TVA à taux réduit de 5,5% à 7%). Dans ces conditions - et avec la perspective d'un passage du taux réduit à 10% le 1er janvier 2014, dans le cadre du plan de compétitivité -, la FFB estime inatteignable l'objectif de 500.000 logements neufs annuels, dont 150.000 logements sociaux. Il en est de même pour les 500.000 rénovations énergétiques annuelles. Et, pour la fédération, la toute récente taxation supplémentaire de 2 à 6% sur les plus-values n'arrangera rien.
"Bien que consciente des difficultés du moment et de la nécessité de lutter contre les déficits publics excessifs", la FFB formule donc cinq propositions, qui ont toutefois assez peu de chances d'être entendues : ramener de 30 à 22 ans la durée de détention nécessaire pour être exonéré à 100% de la taxe sur les plus-values ; lutter contre "la concurrence déloyale" de certaines entreprises étrangères et sortir les auto-entrepreneurs du champ du secteur du bâtiment ; revenir aux principes d'origine du PTZ+ (avec, pour les plus modestes, un différé total de remboursement pendant toute la durée d'amortissement du prêt principal) ; mettre en œuvre les préconisations du plan Bâtiment durable et, enfin, ramener à 5% le taux réduit de TVA sur le bâtiment.