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Résilientes, les petites et moyennes entreprises seraient prêtes au rebond

Alors que leur chiffre d’affaires s’est contracté de 8,4% en 2020, les TPE-PME françaises s’en sortent plutôt bien, estime le conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables qui a présenté le 10 mars son baromètre sur la situation économique des 500.000 petites et moyennes entreprises. Si le redémarrage est à portée de main, il nécessite toutefois d’être accompagné par des mesures simples et ponctuelles.

Le chiffre d’affaires des quelque 500.000 TPE et PME françaises a diminué de 8,4% en 2020, par rapport à 2019, "une baisse moins importante qu’attendu et qui a limité les dépôts de bilan", a commenté Lionel Canesi le 10 mars lors de la présentation le 10 mars du baromètre économique de 2020 du conseil supérieur de l'ordre des experts-comptables qu’il préside. Il a mis en avant "la capacité de résilience, de réaction et d’adaptation" des dirigeants des petites et moyennes entreprises.

Bien entendu d’importantes disparités existent entre secteurs d’activité et régions. Ainsi, alors que la restauration et l’hôtellerie plongent (respectivement - 38,7% et - 44,4%), la construction limite la casse (- 4,7%) grâce notamment au dynamisme des magasins de matériaux et des services d’aménagement paysager.

Du côté des territoires, la Corse et l’Île-de-France paient le plus lourd tribut de la crise avec une chute de 14,1% et 13,1% du chiffre d’affaires de leurs TPE-PME, bien au-dessus de la moyenne nationale et de toutes les autres régions. La Réunion (- 4,7%) et la Bretagne (- 5,6%) sont celles qui ont le mieux résisté.

"Optimisme lucide" sur la reprise

Pour la première fois, les experts-comptables ont complété leur baromètre d’un focus sur le résultat avant impôt (EBE - excédent brut d’exploitation) afin de mesurer l’impact de la crise sur le bilan des entreprises. Pour ce faire, trois périodes ont été retenues en fonction de la fin de l’exercice : les 91.000 entreprises qui clôturent au 31 mars ont vu leur EBE baisser de 2,4% en un an ; pour les 97.000 qui clôturent au 30 juin, la réduction a été de -11,9% ; enfin, celle-ci a atteint -10,2% pour les 124.000 TPE/PME qui clôturent au 30 septembre. "Il n’y a pas eu de défaillance massive en septembre", a noté Lionel Canesi. Les taux dans le secteur de l’hôtellerie/restauration sont sans commune mesure : -12%, -61% et -56%. En revanche, l’activité immobilière est restée en territoire positif (+ 15%, + 1% et + 5%).

Sachant que "l’analyse des experts-comptables se fonde sur l’économie du quotidien et de la vie réelle", Lionel Canesi considère que "la situation économique laisse entrevoir un redémarrage possible". Faisant preuve d’un "optimisme lucide", le président souligne toutefois qu’il manque juste une "petite étincelle pour mettre le feu à la reprise".

Débloquer l’épargne et sauver les entreprises viables

Selon lui, trois conditions sont nécessaires : le déploiement effectif des 100 milliards d’euros du plan de relance, un fonctionnement efficace de la campagne de vaccination et un "choc de consommation". Aussi, l’ordre des experts-comptables émet 50 propositions à la fois pour favoriser la relance et accompagner les entreprises à se redresser. Le levier principal pour relancer la consommation consiste à débloquer l’épargne des Français qui "ne rapporte rien à personne", en adoptant des mesures simples et ponctuelles telles que : permettre aux parents et grands-parents de donner 50.000 euros à leurs enfants/petits-enfants sans droit ni condition d’usages ; débloquer l’épargne salariale également sans condition en 2021 et en 2022 ; retirer 50.000 euros des comptes d’assurance-vie sans droit ni commission.

Lionel Canesi a également insisté sur la nécessité, pour réussir la sortie de crise, de passer d’un mode de soutien macro, via par exemple le fonds de solidarité de 10 milliards d’euros à un mode micro. Il s’agira ainsi d’identifier la dette Covid dans le bilan des entreprises, "enjeu majeur de la sortie de crise", car "si elles doivent consacrer leurs bénéfices des dix prochaines années à rembourser cette dette, elles n’investiront pas", redoute le président national de l’ordre des experts-comptables qui invite aussi à "sauver les entreprises viables une fois extraite la dette Covid de leur bilan" en étalant cette charge sur une dizaine d’années, voire en les exonérant du remboursement d’une partie du PGE notamment si elles risquent de licencier des salariés.