Sécheresse : les préfets déjà mobilisés

Alors que s’achève un mois de février historiquement sec en métropole – Météo France recense 32 jours consécutifs sans pluie entre le 21 janvier et le 20 février, "du jamais vu depuis le début des enregistrements en 1959" –, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, et Bérangère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'Écologie, devaient tenir ce 27 février au soir une réunion avec les préfets coordonnateurs de bassin (Loire-Bretagne, Seine-Normandie, Artois-Picardie, Rhin-Meuse, Rhône-Méditerranée-Corse et Adour-Garonne). Avec un double objectif, précise l’entourage du ministre : d’une part, "avoir la photographie la plus fine de la situation, bassin par bassin, et des mesures envisagées" ; d’autre part, "rappeler aux préfets les consignes, en les invitant à ne pas hésiter à prendre dès maintenant les restrictions nécessaires". Devaient notamment y être évoqués les conventions de soutien à l’étiage ou encore l’appui préfectoral aux travaux de sécurisation de l’adduction en eau potable. "C’est un exercice d’anticipation, afin d’éviter les situations d’extrême tension cet été. Les deux prochains mois seront vraiment cruciaux. C’est important de lancer cette réunion dès maintenant, pour pouvoir anticiper les éventuelles mesures qui pourraient être prises dans les prochaines semaines. Comme Christophe Béchu l’a souligné en septembre dernier dans les Bouches-du-Rhône [alors qu’il lançait le premier chantier de planification écologique, sur la gestion de l’eau – voir notre article du 29 septembre], ce n’est pas en été que l’on gère la sécheresse", insiste l’entourage du ministre.

Cette première réunion sera doublée d’une autre, le 6 mars prochain, avec l’ensemble des préfets de département cette fois. Elle sera d’autant plus importante que ce sont ces derniers qui ont la main sur les "arrêtés sécheresse". Certains d’entre eux n’ont d’ailleurs pas attendu pour dégainer. Le site Propluvia montre que quatre départements (l’Ain, l’Isère, les Bouches-du-Rhône et les Pyrénées-Orientales) ont déjà tout ou partie de leur territoire placé en état d’alerte renforcée, l’ensemble du territoire du Var étant lui placé soit en état de vigilance, soit en état d’alerte, et celui de la Savoie étant intégralement placé en état de vigilance. "Sur l’ensemble du territoire national, le déficit de pluviométrie est de l’ordre de 15% par rapport à la normale", indique l’entourage des ministres, en soulignant que la situation est particulièrement inquiétante en Auvergne-Rhône-Alpes, en Occitanie ou en PACA, "où les sols sont dans un état habituellement observé fin mai". Une situation d’autant plus alarmante que la reprise de la végétation va capter une grande partie des pluies espérées, ce qui limitera d’autant le rechargement des nappes. "Depuis août 2021, tous les mois sont déficitaires en pluie à l’exception des mois de décembre 2021, juin 2022 et septembre 2022", recontextualise Météo-France. L'organisme relève encore que, "en plus du manque de pluie, depuis douze mois d’affilée, il fait plus chaud que la norme en France. […] C’est la première fois depuis 1947 (date des premières données) que nous observons une série aussi longue de températures moyennes mensuelles au-dessus des normales".

Toujours attendu, l’on apprend que le plan Eau devrait être "vraisemblablement présenté dans la deuxième quinzaine de mars". Afin "d’améliorer la réaction collective en période de crise", les ministres ont par ailleurs sollicité un rapport d’inspection sur la remontée d’informations au sein de l’administration au sens large, qui sera rendu "dans les prochaines semaines" et qui "fera des recommandations à l’administration et aux collectivités".