Secteur social et médicosocial : la tension monte chez les "oubliés du Ségur"

Les réunions avec la mission conduite par Michel Laforcade, chargé par le gouvernement d'élaborer un plan de revalorisation des métiers du social et du médicosocial (voir notre article du 3 février 2021), se suivent et se ressemblent. Le 27 janvier dernier, La Croix-Rouge française, la Fehap et Nexem – principaux représentants du secteur social et médicosocial privé non lucratif – publiaient un communiqué au sortir de la seconde réunion de travail avec Michel Laforcade. Les trois associations tiraient "la sonnette d'alarme", après avoir appris que "le gouvernement envisage pour notre secteur privé non lucratif des revalorisations limitées à certaines professions alors que, dans le même temps, il annonce d'emblée la revalorisation pour tous les salariés du secteur public. Cette position est jugée inacceptable pour toutes les parties prenantes". En effet, "l'orientation choisie est d'identifier un certain nombre de métiers en tension et de ne revaloriser que les professionnels concernés, laissant donc de côté tous les autres salariés". En outre, les trois organisations s'étonnent de constater que "le périmètre semble se limiter au seul handicap, alors que tout le secteur social et médicosocial est confronté au problème de l'attractivité des métiers".

Après une troisième réunion de travail, les trois associations ont organisé, le 8 février, une conférence de presse, au cours de laquelle elles ont "dénoncé la situation de blocage dans laquelle se trouvent les négociations pour le secteur social et médicosocial". Elles ont aussi "réaffirmé la nécessité d'une revalorisation dans tous les secteurs, selon les mêmes modalités et dans le même calendrier que le secteur public", rappelant au passage que le privé non lucratif représente 75% du secteur social et médicosocial.

Selon les trois organisations, les propositions de revalorisation formulées par la mission Laforcade et la DGCS (direction générale de la cohésion sociale) se limiteraient à 57.000 salariés, sur un total d'environ 600.000. A l'inverse, l'extension à tous les salariés du secteur social et médicosocial privé non lucratif de la revalorisation de 183 euros par mois accordée aux salariés du secteur public représenterait un coût de près de 1,9 milliard d'euros. La Croix-Rouge, la Fehap et Nexem demandent donc que le gouvernement puisse "vraiment donner des marges d'arbitrage à la mission Laforcade, de sorte qu'il y ait vraiment quelque chose à négocier".

Le communiqué de Jean Castex du 11 février ne devrait pas forcément les rassurer. Comme attendu, le Premier ministre "annonce une augmentation de 183 euros nets par mois pour les personnels sociaux et médicosociaux des hôpitaux publics". En bénéficieront, à compter du 1er juin, 18.500 professionnels, "qui principalement accompagnent des personnes handicapées ou en perte d’autonomie". Pour le reste, le Premier ministre rappelle que "le gouvernement a par ailleurs demandé à Michel Laforcade d’engager les discussions avec les organisations syndicales s’agissant des professionnels des structures publiques autonomes dès le mois de mars prochain". Enfin, pour le secteur privé non lucratif, il se contente d'indiquer que le gouvernement "sera attentif à la poursuite des négociations déjà engagées avec les organisations syndicales et les fédérations d’employeurs dans le secteur privé non lucratif".