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Handicap / Education - Seuls deux enfants autistes sur dix ont accès à l'école ordinaire

Alors que la scolarisation des enfants handicapés semble globalement esquisser quelques progrès quantitatifs (voir ci-contre nos derniers articles sur le sujet), ceux-ci sont visiblement très hétérogènes, en fonction du handicap concerné. Ainsi, huit enfants autistes sur dix n'ont pas accès à l'école ordinaire, faute de moyens et de formation suffisante des équipes pédagogiques, ont dénoncé ce jeudi 24 mars les principales associations de parents d'enfants autistes qui, réunies en "Collectif Autisme", lancent une campagne de sensibilisation.
"Ne laissons pas 80% des enfants autistes à la porte de l'école. Ils ont besoin d'apprendre comme les autres" : grâce à cette phrase choc sur des encarts dans la presse et dans un spot télévisé jusqu'à début avril, le collectif entend alerter l'opinion sur la situation "alarmante" en matière de scolarisation de 80.000 à 90.000 enfants souffrant de ce handicap. Le collectif va aussi distribuer un guide édité à 65.000 exemplaires à tous les établissements, de la maternelle au lycée.
"15% des enfants autistes seulement ont accès à l'école", a affirmé ce collectif de cinq fédérations ou associations de parents (environ 85% des familles) lors d'une conférence de presse. "30% sont accueillis en instituts médico-éducatifs ou en hôpitaux de jour. Plus de la moitié n'est donc accueillie nulle part", alors que la loi handicap de 2005 affirme le droit pour chaque enfant d'être inscrit dans l'école la plus proche de son domicile.
"On ne dit pas que tous les enfants autistes peuvent aller à l'école ordinaire, mais on pense que plus de 50% pourraient" le faire, car ils "peuvent apprendre", affirme le collectif.
Selon un rapport de la Haute Autorité de santé de 2010, un enfant sur 150 en France est concerné par un trouble envahissant du développement, dont l'autisme est une catégorie. L'autisme, qui revêt des formes diverses, est une pathologie du développement du système nerveux central. Elle se caractérise notamment par une perturbation des interactions sociales, des troubles de la communication et des comportements répétitifs.
Malgré la loi de 2005 et le plan autisme 2008-2011 du gouvernement, sur le terrain, les obstacles sont encore nombreux, relèvent les familles. "Les auxiliaires de vie scolaire (AVS) sont peu nombreuses, peu formées et ont des contrats précaires", témoigne par exemple le père d'un enfant autiste élève de sixième dans un collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). "Pour accompagner notre fils depuis la maternelle jusqu'à la sixième, nous avons dû nous-mêmes en former trois !", explique-t-il.
Selon un sondage réalisé pour le collectif, seuls 18% des enseignants estiment que l'école ordinaire est "le meilleur environnement" pour ces enfants. La majorité des enseignants craignent de ne pas pouvoir enseigner "dans de bonnes conditions". "Le manque de moyens humains", puis le "manque de formation" sont pour eux les freins à l'accueil de ces enfants.