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Risques naturels - Tempête Xynthia : Jean-Louis Borloo parle de "malentendu" sur les zones noires

Le ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo, a évoqué le 15 avril un "malentendu" sur les zones noires délimitées après la tempête Xynthia. Il les a qualifiées de "zones de solidarité", de "zones de rachat" et "pas de destruction massive". Jean-Louis Borloo a tenu ces propos avant de rencontrer les élus concernés de Charente-Maritime à la préfecture. "On va travailler avec eux", a ajouté le ministre, qui a fait le déplacement avec les secrétaires d'Etat au Logement, Benoist Apparu, à l'Ecologie, Chantal Jouanno, et aux Transports, Dominique Bussereau, également président du conseil général de Charente-Maritime.
"Ce sont des zones à risques avérés, la solidarité nationale est là pour aider", a poursuivi Jean-Louis Borloo. "D'ailleurs, les zones noires, ce n'est pas très heureux comme expression, a-t-il reconnu. Ce sont des zones sur lesquelles l'Etat s'engage sur la sécurité." Dans ces zones "noires" où les habitations sont destinées à être détruites après la tempête du 28 février, "il y a un problème de valeur de biens, de patrimoine", a poursuivi le ministre. Il faut "que l'Etat garantisse la valeur des biens et s'engage, c'est une procédure exceptionnelle, à un accord amiable et après, parcelle par parcelle, maison par maison, là où il y a un risque avéré, on regardera ensemble les procédures habituelles et de droit commun".

Après cette visite sur le terrain, Jean-Louis Borloo a adressé une lettre aux maires des communes sinistrées dans laquelle il détaille les procédures à venir. Dès le 19 avril, les délégués à la solidarité du ministère de l'Ecologie seront en place auprès des préfets de département pour recevoir chacune des personnes concernées et lui donner des explications précises sur les procédures d'acquisition amiable. Un processus d'aide au relogement sera aussi mis en place. Faute d'acquisition amiable et après une expertise complémentaire au cas par cas, l'Etat lancera des procédures d'expropriation pour des raisons de sécurité, poursuit le courrier ministériel. Le devenir des territoires acquis fera l'objet d'une discussion entre les collectivités territoriales, les établissements publics compétents et l'Etat afin d'en définir le gestionnaire mais aussi "les capacités d'utilisation à des fins d'activité économique, si cela est possible", est-il indiqué.

D'ici la fin juin, les préfets devront présenter un programme de renforcement des moyens de protection pour les zones à proroger. En juillet, le gouvernement devrait annoncer ses engagements sur un échéancier précis. Pour l'avenir, les plans de prévention des risques seront "établis avec diligence selon des procédures rénovées que la représentation nationale examinera dans la première semaine de mai", écrit encore le ministre. Pour les zones "jaunes", il indique que "les prescriptions seront établies dans les meilleurs délais" et s'engage à ce que le travail d'analyse des zones "orange" soit finalisé dans moins de 10 jours.

La veille de ce déplacement ministériel, une "lettre ouverte" avait été adressée au président de la République et au Premier ministre par la présidente de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, les représentants de trente-trois communes et neuf associations de défense des victimes pour demander une "suspension du zonage". En Vendée, certains sinistrés ont déjà saisi les tribunaux. L'Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer, de L'Aiguillon-sur-Mer et des environs (Avif) a annoncé le 15 avril avoir déposé une requête en référé devant le tribunal administratif de Nantes pour obtenir en urgence la communication des études qui ont servi à tracer les "zones noires". Dans ces communes, 915 maisons sont menacées de destruction.

Anne Lenormand avec AFP