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Environnement - Tempêtes et houle de décembre-janvier : le littoral aquitain en recul de plus de 10 mètres par endroits

Le trait de côte du littoral aquitain a reculé en de nombreux points de 10 mètres ou plus, à la suite des tempêtes et houles de fin décembre 2013-début janvier 2014, a annoncé le 11 février l'observatoire de la côte Aquitaine, réseau d'experts lié à la région, dans un rapport réalisé après un diagnostic de terrain. Le rapport s'appuie sur des relevés effectués par le Bureau de recherches géologiques et minières et l'Office national des forêts sur la quasi-totalité du littoral aquitain, soit 270 km.
Entre le 14 décembre et le 8 janvier, une succession de dépressions dans l'Atlantique Nord a entraîné une houle très énergétique au large de l'Aquitaine, avec une hauteur de vagues atteignant au moins 4 mètres pour 60% du temps, "un phénomène qui ne s'est jamais produit" sur ce littoral, soulignent les experts. Selon la base de données Bobwa, qui couvre les vagues dans le golfe de Gascogne sur 1958-2002, la proportion de vagues de plus de 4 mètres sur une telle période (26 jours) atteint occasionnellement 40%, ponctuellement 50% (3 fois en 44 ans), mais jamais plus de 55%, précise l'Observatoire.
"Les plages se sont fortement abaissées et aplanies, limitant ainsi leur résistance aux assauts de l'océan. Cette fragilité est renforcée par la disparition temporaire des barres sableuses" de marnage, poursuit le rapport, qui a aussi relevé "des submersions marines de faible emprise".
C'est en Gironde que l'érosion marine a été la plus forte avec le creusement de hautes falaises sableuses, la destruction d'accés de plage et des ouvrages côtiers altérés (perrés, promenades, enrochements, etc.). Dans les Landes, le recul a atteint 10 mètres ponctuellement, aux abords de courants (petits fleuves). L'érosion y est globalement plus modérée que dans le Médoc, même si une falaise vive entaille le cordon dunaire sur la quasi-totalité du département. Dans les Pyrénées-Atlantiques, l'érosion concerne essentiellement la plage de Milady à Biarritz, les berges de l'embouchure de l'Uhabia et la plage de Parlementia à Bidart. Les falaises rocheuses n'ont pas subi d'éboulement ni d'effondrement remarquable mais "les dommages sur les infrastructures et les ouvrages côtiers ont été majeurs par endroits (altération de la façade du casino municipal de Biarritz, destruction des parapets et du local des Ours Blancs au Port-Vieux, front de mer de Bidart, restaurants sur la jetée des Alcyons à Guéthary, déstabilisation des enrochements sur la plage d'Erromardie à Saint-Jean-de-Luz, etc.)", indique le rapport.
Par endroits, comme à Soulac-sur-Mer (Gironde), l'érosion "remet en cause l'existence d'immeubles", tel un club de surf, ou l'immeuble de 78 appartements Le Signal, interdit d'habitation depuis fin janvier et que le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin, a visité le 11 février. Il a rappelé que l'Aquitaine pourrait bénéficier "de pratiquement 2 millions d'euros" de crédits exceptionnels débloqués par son ministère pour des travaux d'urgence sur son littoral.