Tir de sommation du mouvement HLM avant la nomination du gouvernement
En clôture du 85e congrès HLM, Emmanuelle Cosse, présidente de l’USH, a prévenu : sans présager du prochain ministre du Logement, elle attend au tournant le futur gouvernement et prend au mot le Premier ministre qui avait appelé, lors de son discours de passation, à "une rupture sur le fond et sur la forme".

© Arnaud Paillard/ Emmanuelle Cosse
Clap de fin pour le 85ᵉ congrès HLM, placé cette année sous le thème des "Qualités du logement social". Pendant trois jours, l’événement a battu des records de fréquentation, rassemblant plus de 32.000 visiteurs, un chiffre inédit qui témoigne de la mobilisation du secteur.
"Nous ne ferons pas de procès d’intention à la prochaine ou au prochain ministre du Logement. Nous dialoguerons avec celle ou celui qui sera désigné", rassure Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, en clôture du congrès HLM ce jeudi 25 septembre à Paris. Mais elle s’empresse d’ajouter : "Nous avons entendu Sébastien Lecornu, Premier ministre, tout juste nommé, appeler à une rupture nécessaire avec les politiques passées, sur le fond comme sur la forme. Nous partageons cette ambition."
Renouer avec la régulation
La présidente de l’USH juge pourtant aujourd’hui le dialogue entre le mouvement HLM et l'Etat, "à l’arrêt" : "Nous avons vu la politique du Logement absorbée comme une simple ligne budgétaire", regrette-t-elle amèrement. "Nous avons connu un gouvernement qui gèle en juillet des crédits votés par le Parlement en janvier", tonne encore la présidente. Cette dernière ne ferme pas, pour autant, la porte au dialogue.
"Nous proposons au Premier ministre de renouer avec la régulation et la programmation […]. Quand on est de tradition gaulliste ou quand on a la conviction que le ‘laisser-faire’ est une doctrine aussi inefficace que nuisible en matière de logement, quand on a le sens de l’État, le mot ‘régulation’ est cardinal", souligne Emmanuelle Cosse à la tribune. Selon elle, la régulation permettra à la fois de transformer les entrées de ville, de construire en zones tendues et de faire "redescendre la température spéculative" dans le marché du foncier.
Quant au concept de "programmation", elle devrait se traduire, selon l’USH, par une meilleure lisibilité de l’action d’un État stratège qui ne réfléchit pas qu’en termes budgétaires. "Les acteurs du logement doivent pouvoir comprendre le cadre juridique et économique dans lequel ils prennent des décisions, en partager le sens, être certains qu’il va rester stable… au moins le temps de l’appliquer. […] Les revirements soudains contribuent à la crise du logement et à l’exaspération des acteurs", appuie Emmanuelle Cosse.
Redonner des capacités financières aux bailleurs sociaux
La présidente de l’USH a conclu son discours de clôture sous les applaudissements en demandant avec force la fin de la RLS, "cette ponction improductive, délétère, sur les ressources des organismes de logement social", un "impôt fainéant qui n’a rien produit de mieux que d’entraver nos capacités d’investissement de plus de 10 milliards d’euros". Un impôt qui "n’a fléché aucune ressource vers aucune politique vertueuse".
La tempête budgétaire annoncée pour le projet de loi de finance 2026 fait enfin craindre à la présidente de l’USH la disparition pure et simple du fonds national d’aide à la pierre. "Cette menace est, à ce jour, toujours active […]. Pour 2026, nous demandons que le Fnap soit doté de 700 millions d'euros en autorisation d’engagement pour pouvoir accorder des aides à la production de logements PLAI et PLUS à hauteur des objectifs qu’il nous fixe". "Nous avons besoin du retour de l’Etat stratège et d’un pilotage volontariste des directions d’administration centrale", a enfin plaidé la présidente de l’USH, au terme d’un congrès HLM qui n’aura de facto pu voir passer aucun ministre. Une première dans l’histoire récente du mouvement HLM.
› Le mouvement HLM adopte sa résolutionEn clôture, le mouvement HLM a adopté une résolution forte : "Faire plus, faire mieux, faire ensemble". Un appel à l’action face à une crise du logement qui ne faiblit pas et resterait sans réponse à l’échelle nationale. Dans le texte, les acteurs du secteur alertent sur les conséquences sociales d’un système à l’arrêt : près de 3 millions de ménages attendent aujourd’hui un logement social adapté à leurs besoins, soit un foyer sur dix en situation d’exclusion résidentielle. |