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Transports publics : l'urgence écologique au programme de la Rentrée 2022

La 16e édition de la Rentrée du transport public se déroulera du 16 au 22 septembre prochains. 142 réseaux de toutes tailles ont déjà annoncé leur participation, partout en France. En cette année charnière, marquée par un regain de fréquentation après la crise du Covid, les transports publics veulent affirmer lors de cette campagne de promotion leur rôle de premier plan pour réduire l'impact des déplacements sur l'environnement.

"Quand vous prenez les transports publics, l'air de rien, vous  faites beaucoup" : c'est le slogan retenu pour la 16e édition de la Rentrée du transport public qui se déroulera du 16 au 22 septembre prochains un peu partout en France. L'affiche de la campagne 2022 précise la couleur résolument verte de cette grande opération de promotion et de sensibilisation co-organisée par le GIE Objectif transport public, le Groupement des autorités responsables de transport (Gart) et l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP). Alors que la voiture individuelle reste l'une des principales sources d'émissions de gaz à effet de serre (GES), "les transports publics urbains et ferroviaires génèrent 5 à 50 fois moins de GES que les modes routiers, mettent en avant leurs promoteurs. Faire le choix des transports collectifs, c'est limiter son impact sur l'environnement." "L'idée est de montrer qu'à travers des gestes anodins au quotidien comme monter dans un bus ou prendre son vélo, chacun d'entre nous est en mesure de répondre à l'urgence climatique", a souligné Marc Delayer, président du GIE Objectif transport public, lors de la présentation de la Rentrée 2022 ce 7 septembre.

Actions tarifaires ou de sensibilisation

142 réseaux de toutes tailles vont participer cette année à la Rentrée et sept régions sont mobilisées (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche Comté, Centre-Val de Loire, Grand Est, Occitanie, Pays de la Loire et Provence-Alpes-Côte d'Azur). Deux grands types d'actions seront déployés localement. De nombreuses offres tarifaires seront proposées : 1 euro la journée (Agde, Boulogne-sur-Mer, Briançon, Châlons-en-Champagne, Metz…), des réductions sur les tickets ou les abonnements (Auch, Besançon, Béziers, Mulhouse…), gratuité la journée ou la semaine à Annecy, Blois, Bourges, Draguignan, Fécamp, Grasse, Honfleur ou Nevers. D'autres réseaux mettront l'accent sur la sensibilisation du public à travers des escape games dans des bus, une formule "une validation, un arbre planté", des stands d'animation, des visites de dépôts, des journées sans voiture, des jeux et cartes cadeaux, etc. Des jeux concours avec des lots à gagner seront ainsi proposés à Charleville-Mézières, Cognac ou Quimperlé et différentes animations à Aix-en-Provence, Arles, Carcassonne, Clermont-Ferrand, Lens, Marseille ou Bordeaux.

Atouts environnementaux des transports collectifs

Après la crise du Covid, qui avait fait remonter la part modale de la voiture, tout l'enjeu est bien de faire valoir aujourd'hui les atouts environnementaux des transports collectifs.  En englobant tous les modes (camions, voitures, avion…), le secteur des transports reste le plus polluant avec 29% des émissions de GES. La voiture individuelle en ville reste la cible n°1. 40% des trajets quotidiens qui y sont effectués font moins de 3 km et sont deux fois plus polluants qu'un trajet de plus grande distance, soulignent les organisateurs de la Rentrée du transport public. Par comparaison, un tramway émet 62 fois moins de CO2 et un métro 54 fois moins. Les autobus peuvent de leur côté transporter en passagers l'équivalent de 40 à 50 voitures.
Pour le secteur des transports, l'objectif de la Stratégie nationale bas carbone est de diminuer de 28% les émissions de GES à l'horizon 2050 par rapport à 2015 et pour y parvenir autorités organisatrices de la mobilité, opérateurs et usagers ont cinq leviers à leur disposition, a expliqué ce 7 septembre Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports à l'Institut Louis Bachelier. Le premier est de limiter ses déplacements lorsque cela est possible, en limitant les déplacements de longue distance et en misant sur le télétravail. D'après l'Ademe, qui a observé son impact pendant le confinement, sur la base de 18% des nouveaux actifs pratiquant le télétravail, on pourrait atteindre une réduction des émissions de CO2 un jour de semaine aux heures de pointe de 3.300 tonnes, soit 817.000 t/an pour 250 jours ouvrés. Un autre levier consiste à encourager le report modal, en incitant à prendre les transports publics par une amélioration de l'offre de service (amplitude horaire, application MaaS, confort du matériel roulant), une tarification attractive, etc. ou à faciliter l'usage du vélo. Améliorer le remplissage des véhicules est aussi une piste prometteuse. Les réseaux intègrent ainsi de plus en plus à leur offre de transport un service de covoiturage afin de proposer une solution de transport sur des zones où il serait trop coûteux de développer une ligne spécifique au regard du nombre de passagers.

Economiser l'énergie

L'amélioration de la performance énergétique des véhicules est aussi plus que jamais impérative avec des prix de l'électricité multipliés par 10 sur un an et des prix du gaz par 7, a illustré Marie-Ange Debon, présidente de l'UTP. Certains réseaux comme Tisséo Collectivités à Toulouse ont développé des formations à l'éco-conduite de leurs conducteurs. Une cinquantaine d'entre eux ont été formés en 2019 et les résultats ont été probants puisqu'en six mois, une économie de 27.000 litres de carburant a été réalisée, soit une baisse de 5% de la consommation. A Lyon, le nouveau matériel roulant de Sytral Mobilités, qui équipe le métro B, entièrement automatique, est recyclable à 96% et permet une optimisation de la consommation d'énergie grâce notamment à un système d'éclairage LED et à des dispositifs de récupération de l'énergie et de freinage. La décarbonation des véhicules est le dernier levier sur lequel peuvent porter les efforts. "85% des bus achetés utilisent une énergie alternative au tout diesel et 60% des voyages sont réalisés en mode électrique", a souligné Marie-Ange Debon.
Pour remplir ces objectifs et être à la hauteur des enjeux, Louis Nègre, président du Gart, est remonté au créneau pour demander à l'Etat 5 milliards d'euros sur le quinquennat en faveur des transports publics : 3 milliards d’euros pour développer l’offre de mobilité, y compris les mobilités actives et 2 milliards d’euros pour la conversion du parc de véhicules vers des matériels à plus faibles émissions. "Nous demandons une rupture qui doit se traduire par des engagements financiers", a-t-il appuyé.

  • Vélo : la fréquentation a augmenté de 11% sur un an, notamment en ville

L'utilisation du vélo a augmenté de 11% sur les 9 premiers mois de 2022 par rapport à la même période en 2021 et de 33% par rapport à 2019, selon le baromètre publié ce 7 septembre par le réseau Vélo & Territoires qui rassemble des collectivités locales œuvrant pour le développement du vélo. L'utilisation du vélo en milieu urbain connaît notamment une hausse de fréquentation de 14% par rapport à 2021 pour atteindre en moyenne 1.299 passages par jour et par compteur, selon l'analyse de Vélo & Territoires qui repose sur un échantillon national de 297 compteurs représentatifs.
Strasbourg, Grenoble, Nantes ou Lille ont connu une forte augmentation du nombre de passages. Avec la rentrée, le compteur du boulevard de Sébastopol, le plus fréquenté de Paris, a quant à lui battu son record mardi avec 18.215 passages (dans les deux sens), selon le site de la mairie.
"Depuis le début de l'année, la reprise du travail en présentiel a "boosté" la fréquentation en semaine, alors que la météo pluvieuse lors des congés d'hiver a impacté négativement la fréquentation en weekend", souligne Vélo & Territoires dans un communiqué. La fréquentation a ensuite poursuivi sa progression durant l'été, même s'il est difficile de comparer l'été 2022 et ses fortes chaleurs avec l'été 2021, très pluvieux.
En milieu rural et périurbain, la pratique du vélo demeure "fragile", précise Vélo & Territoires. Les compteurs affichent -1% de passages en zones périurbaines et un chiffre stable en zones rurales par rapport à 2021, mais toujours en hausse par rapport aux chiffres de 2019, avant la crise sanitaire. "Sans doute davantage orientées vers le loisir, (ces pratiques) sont plus sensibles à la météo", souligne l'association.
Le tourisme à vélo progresse aussi : la fréquentation des itinéraires EuroVelo, pensés pour la longue distance, a augmenté en France de 13% sur un an. Après un début d'année mitigé avec une météo peu avantageuse, la fréquentation de ces itinéraires a connu une forte progression en mai et une augmentation de 7% en juillet-août. AFP