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Urbanisme - Un manifeste "pour une architecture responsable dans les métropoles et les territoires"

Le Conseil national de l'ordre des architectes (CNOA) a présenté le 26 janvier un manifeste "pour une architecture responsable dans les métropoles et les territoires" qui affirme "la nécessité de penser globalement la métropole". Les représentants de la profession s'immiscent ainsi dans le débat actuel sur la réforme des collectivités territoriales proposant de créer des métropoles et des pôles métropolitains. Selon eux, cette réforme devra apporter des réponses politiques à la première question que se posent aujourd'hui la majorité des élus et des citoyens : "Quelle limite, quel projet commun, quelle gouvernance pour ces nouveaux territoires urbains mais aussi péri-ruraux?" Si les promoteurs du manifeste estiment qu'une métropole doit se concevoir "dans une perspective de développement économique" en étant "étroitement associées aux pôles de compétitivité créés en 2005", ils insistent aussi fortement sur la responsabilité sociale et environnementale des grandes villes vis-à-vis des habitants et des territoires qui les entourent. Le manifeste détaille les conséquences des déséquilibres à l'oeuvre depuis plusieurs décennies : "des logements au centre trop petits et trop chers, une banlieue souvent ghettoïsée aux équipements publics insuffisants, un péri-urbain trop dilué et des transports défaillants".

Pour y remédier, le CNOA insiste sur la nécessaire "mixité sociale des logements, et fonctionnelle des activités, au centre comme en périphérie", avec "une densité acceptable par la population et la mise en oeuvre d'innovations architecturales qui privilégient le plaisir des habitants". A ses yeux, les métropoles doivent "être l'occasion d'encadrer l'étalement urbain en édictant des règles de continuité urbaine et d'économie d'espace consommé par l'urbanisation, voire en sanctuarisant et reliant par des couloirs protégés des portions de territoire afin de sauvegarder des espaces à forte valeur agricole, des espaces naturels et libres, et préserver la biodiversité".

Le manifeste met l'accent sur les "relations équilibrées" que les métropoles doivent entretenir avec les territoires environnants et réclame un statut pour le tissu interstitiel qui les borde car sans lui, "la métropole devient mégalopole et perd son sens". Enfin, il fixe quatre principes pour que l'architecture contribue à la qualité des métropoles : des projets intégrant les ressources urbaines existantes (bâti, activités, espaces publics, réseaux de transport et de communication virtuelle), développement d'une "poétique de la ville" à l'échelle métropolitaine considérant le tissu urbain comme un environnement naturel et culturel, articulation de toutes les échelles, depuis l'architecture domestique jusqu'à la place des aéroports, et "ménagement du territoire dans une approche paysagère pertinente et respectueuse de la diversité du vivant".

 

Anne Lenormand