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Finances / Elus - Un peu partout en France, les maires se sont mobilisés contre la baisse des dotations

Comme annoncé haut et fort depuis quelques semaines par l'Association des maires de France (voir notamment notre article du 10 septembre), les maires se sont effectivement mobilisés un peu partout en France samedi 19 septembre pour dénoncer la baisse des dotations de l'Etat aux collectivités locales.
Rassemblement départementaux d'élus ceints de leur écharpe tricolore, délégations reçues en préfecture, rencontres avec des habitants... les édiles de toutes tendances - dont de rares élus socialistes - ont répondu par centaines à l'appel de l'AMF pour cette journée d'action visant à réclamer une révision d'urgence du calendrier et de l'effort demandé.
L'association s'est naturellement félicitée de ce "très grand succès", évoquant même des "dizaines de milliers d'initiatives". "C'est un message d'alerte qui doit permettre à l'Etat de prendre conscience de ce qui se passe dans les territoires et de l'accélération phénoménale de la dégradation", a affirmé son président François Baroin.
"30% des communes de France ont déjà été obligées d'augmenter les impôts et ce sera probablement le cas pour l'ensemble des villes. Les petites associations qui ne vivent que de subventions publiques sont menacées de disparition, c'est tout un tissu social et culturel qui va être impacté", a ajouté François Baroin.
A Bordeaux, le maire Alain Juppé s'est déclaré "totalement solidaire du mouvement" devant 200 élus girondins venus protester devant la préfecture de la Gironde. François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, a également participé "par solidarité" à la manifestation dans sa ville.
A Lille, quelque 300 élus de communes du Nord se sont rassemblés devant la préfecture. Un seul élu PS, Jean-François Delattre, maire d'Haspres (2.800 habitants), était présent. "Si cela continue, on sera amené à augmenter le prix des repas à la cantine, ne pas renouveler certains départs en retraite et baisser les subventions aux associations", s'est exclamé le maire PCF de Waziers, Jacques Michon.
Dans l'Oise, les représentants de "300 communes" ont exprimé leur colère "car certaines sont au bord de la faillite", a affirmé à l'AFP Caroline Cayeux, maire LR de Beauvais et présidente de la Fédération Villes de France (ex-villes moyennes).
A Montauban, 150 personnes ont marché vers la préfecture, avec à leur tête des maires, essentiellement LR, du département. A Toulouse, le maire, Jean-Luc Moudenc (LR), a signé avec d'autres élus une pétition en ligne de l'AMF.
En Haute-Saône, l'AMF va proposer à tous les maires du département de boycotter l'organisation du scrutin régional des 6 et 13 décembre. Dans l'Ain, quelque 200 élus de tous bords ont défilé jusqu'à la préfecture à Bourg-en-Bresse. A Givors, dont le maire est le DVG Martial Passi, des banderoles avaient été déployées devant la médiathèque ou le conservatoire de musique, proclamant "cet équipement est menacé de fermeture, mobilisons-nous".
Dans un communiqué, Frédéric Cuvillier, maire PS de Boulogne-sur-Mer, avait dénoncé "la dérive partisane" de l'association des maires du Pas-de-Calais à laquelle il a suspendu sa participation. Même son de cloche du côté de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains (FNESR), qui a dénoncé quant à elle une manoeuvre de François Baroin. "Ne soyons pas dupes des intentions de l'opposition, qui souhaite faire de ce rassemblement une journée de contestation du gouvernement", écrit François Rebsamen, maire PS de Dijon.
Dans un entretien au Journal du dimanche, l'ancien Premier ministre François Fillon a affiché une position mesurée : "Je comprends donc cette colère mais, en même temps, je dis à mes amis : les collectivités locales doivent réfléchir avec l'Etat à la baisse de leurs dépenses. Elle est inévitable si on veut réduire les déficits publics (…). Les collectivités locales doivent se préparer à réduire leurs dépenses, mais il faut qu'elles le fassent dans une concertation avec l'Etat pour qu'il réduise dans le même temps les contraintes qui pèsent sur elles", déclare-t-il.
La ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, a rappelé que la baisse des dotations ne représente pour les communes "qu'une diminution de 1,84%" de leurs recettes annuelles de fonctionnement, "soit en moyenne 28 euros par habitant".
"Cette mobilisation citoyenne va se poursuivre jusqu'au 98e Congrès des maires", prévient l'AMF, qui invite les citoyens à "continuer à signer l'appel pour les communes de France sur jaimemacommune.com ou change.org ou dans les registres mis à leur disposition dans les mairies" et demande aux communes et intercommunalités de "continuer à voter la motion de soutien à son action".