Un printemps 2025 anormalement chaud en France et très sec dans la moitié nord
Le printemps 2025 se classe parmi les plus chauds jamais enregistrés en France, notamment dans le nord du pays, très ensoleillé et avec des déficits de pluies particulièrement importants, selon le bilan présenté par Météo France ce 4 juin.

© Météo France et Adobe stock
Avec une température moyenne supérieure aux normales de 1,1°C, la période allant de début mars à fin mai arrive au troisième rang des printemps les plus chauds en France métropolitaine depuis le début des mesures en 1900, derrière 2011 (+1,5°C) et 2020 (+1,3°C), selon le bilan présenté par Météo France ce 4 juin. Cela a même été le printemps le plus chaud dans le Finistère, les Côtes-d'Armor et la Manche, a précisé Matthieu Sorel, climatologue à Météo France, lors d'un point presse.
Le réchauffement, une "tendance de fond"
Sur l'Hexagone, "neuf des dix printemps les plus chauds ont été enregistrés après l'année 2000", illustrant la nette tendance imprimée par le réchauffement climatique sous l'effet de la combustion des énergies fossiles. Le climat en France est considéré comme déjà réchauffé de 1,7°C depuis l'ère pré-industrielle et pourrait atteindre +2°C d'ici à 2030, selon les projections de Météo France. En 2025, "mars, avril et mai ont été tous les trois plus chauds que la normale (+0,7°C, +1,7°C, +0,8°C)" de la période 1991-2020, déjà elle-même marquée par le réchauffement, note le prévisionniste national.
Cette chaleur exceptionnelle peut être "à la fois reliée à des conditions météorologiques particulières", comme la présence récurrente de conditions anticycloniques sur la moitié nord de l'Europe, "mais aussi à la tendance de fond du changement climatique", car les températures ont été supérieures aux normales, y compris dans le sud qui était pourtant dans un système largement dépressionnaire favorisant un temps maussade, a expliqué Matthieu Sorel.
Cette tendance s’observe ailleurs en Europe : le printemps 2025 a battu plusieurs records climatiques au Royaume-Uni, et une sécheresse jamais vue depuis des décennies frappe aussi depuis plusieurs semaines le Danemark et les Pays-Bas, faisant craindre pour les rendements agricoles et les réserves en eau.
Valeurs exceptionnelles relevées
En France, "le printemps a été marqué par plusieurs épisodes anormalement chauds, en particulier fin avril/début mai ou encore fin mai". "Un signe évident du changement climatique" marqué par "des coups de chauds plus intenses et plus précoces", souligne Matthieu Sorel. Les 29 et 30 mai, le cap des 30 degrés a été franchi sur plus de la moitié du pays, "valeur très exceptionnelle" et même record pour un mois de mai, indique-t-il. Entre le 30 avril et le 3 mai, un épisode "inhabituellement chaud" et précoce a touché le nord du pays, avec des "températures supérieures aux normales de plus de 10 degrés par endroit".
Sur l'ensemble du printemps, c'est d'ailleurs dans cette moitié nord de la France que la chaleur a été la plus marquée. Les températures maximales à la faveur d’un ensoleillement très généreux sont de +1,5°C à localement +3°C au-dessus des normales des Pays de la Loire et de la Bretagne au Grand-Est et à la Franche-Comté, indique l’organisme. Elles sont en revanche plus proches des valeurs de saison sur les régions du Sud. Ainsi, en moyenne sur l’ensemble du printemps, la température maximale en 2025 à Strasbourg est de 18,5°C, soit +2°C au-dessus de la normale, comme à Nice où elle est "de saison".
Un même contraste Nord-Sud se retrouve pour l'ensoleillement : excédentaire de 10% sur l'ensemble de l'Hexagone, il est de l'ordre de +20% au nord de la Loire et même supérieur de 30% au nord de la Seine. À l'inverse, près de la Méditerranée, le soleil s'est un peu moins montré qu'à l'accoutumée.
Déficit de précipitations au nord
Côté précipitations, des déficits de 20 à 60% ont été enregistrés sur les régions de la moitié nord. Mais des excédents de 5 à 45% ont été relevés en Occitanie, Corse et région Paca. Les cumuls sont déficitaires en Nouvelle-Aquitaine de près de 10 % mais sont proches de la normale en Auvergne-Rhône-Alpes. Localement, au Luc (Var), Agen (Lot-et-Garonne) ou Calvi (Haute-Corse), les cumuls sur le printemps 2025 représentent une fois et demie à deux fois la normale saisonnière. Des orages violents, parfois accompagnés de grêle, ont aussi durement frappé mi-mai le Sud-Ouest ainsi que le Var, où trois personnes sont mortes.
À l’opposé, le déficit de précipitations sur la saison atteint 70 à 75% dans certains territoires des Hauts-de-France comme à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) ou Dunkerque (Nord). Les jours de pluie se sont raréfiés : Saint-Quentin, dans l’Aisne, n’en a ainsi connu que connu que 14 pour une normale saisonnière de 30 jours. Conséquence de précipitations moins fréquentes, les sols sont "inhabituellement secs" sur la Normandie, les Hauts-de-France et les Ardennes, une "situation digne d'une fin juillet", provoquant l'inquiétude des agriculteurs.
Pour les trois prochains mois, Météo France anticipe des températures très probablement plus chaudes que les normales, mais reste incertain sur le niveau des précipitations.