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Social - Une recommandation de l'Anesm sur la prévention de la maltraitance à domicile

L'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médicosociaux (Anesm) publie un nouveau recueil de recommandations de bonnes pratiques professionnelles. Celui-ci aborde un sujet délicat et peu traité jusqu'à présent, mais qui apportera une aide précieuse aux responsables de services d'aide, d'accompagnement ou de soins intervenant au domicile d'adultes vulnérables (personnes âgées dépendantes ou personnes handicapées). Ce cas de figure correspond notamment aux services de maintien à domicile financés par les départements ou à ceux mis en œuvre par les centres communaux d'action sociale. Bien que des cas de maltraitance y soient moins souvent rapportés que sur le volet institutionnel (maltraitance en établissement), l'Anesm rappelle néanmoins que "le risque de maltraitance est accentué par le caractère par nature intrusif de l'intervention" à domicile, car celle-ci "conduit en effet les professionnels à intervenir dans l'espace privé de l’usager, en contact direct avec l'ensemble des personnes et des objets qui constituent son intimité".
Intitulé "Mission du responsable de service et rôle de l'encadrement dans la prévention et le traitement de la maltraitance à domicile", ce document d'une soixantaine de pages constitue un véritable outil opérationnel. La première partie aborde ainsi la connaissance des risques de maltraitance et les moyens de sensibiliser les équipes, mais aussi les usagers et leurs proches, sans pour autant nuire au lien de confiance qui doit s'installer. Au passage, l'Anesm recommande de sensibiliser l'entourage aux risques induits par l'épuisement des aidants naturels. La partie centrale de la recommandation est constituée par la démarche de mise en place d'une organisation et de pratiques d'encadrement favorisant la prévention de la maltraitance. Elle insiste tout particulièrement sur la nécessité de veiller à l'accompagnement des professionnels - avec une prise en compte du risque de l'usure professionnelle - et sur l'importance de la disponibilité et de l'engagement de l'encadrement, "condition indispensable d'une remontée rapide d’information des professionnels au sujet des difficultés rencontrées lors d'une intervention". Un autre chapitre est consacré à la mise en place des dispositifs et des outils de repérage des risques et de détection des situations de maltraitance. Enfin, la dernière partie traite de l'organisation d'un traitement systématique des faits de maltraitance. Seul point faible de ce guide, au demeurant très bien conçu : le va-et-vient fréquent entre la maltraitance par les professionnels et celle des proches repérée par des professionnels, qui nuit parfois à la lisibilité des recommandations.
 

Jean-Noël Escudié / PCA