Legaltech 2021, les nouveautés

Si aujourd’hui un certain nombre de professionnels du droit commencent à ressentir la fin des effets négatifs de la crise sanitaire et la reprise de leurs activités, qu’en est-il des start-ups, et plus particulièrement des LegalTechs en France ? Celles-ci ressentent-elles toujours les conséquences de la crise de 2020 ou bien au contraire, sont-elles en train de connaitre un rebond de leurs activités ? Pour répondre à cette question, flash-back sur les 10 premiers mois de l’année 2021 !

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Les principales levées de fonds du secteur 

Après une année 2020 difficile pour les Legaltechs françaises en termes de levées de fonds (17,8 millions d’euros levés en 2020 contre 52,1 millions d’euros levés en 2019 – Source le baromètre LegalTechs 2020 réalisé par Maddyness et Wolters Kluwer), l’année 2021 semble amorcer une forte reprise avec 48,3 millions d’euros déjà levés.

Le début d’année 2021, a vu la LegalTech Leeway (solution de gestion de contrats pour les directions juridiques) réussir une levée de fonds de 4,2 millions d’euros. En avril,  Data Legal Drive a levé 2 millions d’euros pour son logiciel de mise en conformité au RGPD. En juin, Yousign (solution de signature électronique) a réussi la plus importante levée de fonds du secteur avec 30 millions d’euros levés ; Avostart (solution de mise en relation des particuliers et des avocats) a quant à elle levé 2 millions d’euros. La tendance observée au cours du premier semestre 2021 s’est confirmée au cours des dernières semaines. Ainsi, la LegalTech Jus Mundi qui se veut être le moteur de recherche des informations juridiques internationales a levé, début septembre, 8,5 millions d’euros, et Legal Pilot a levé 1,6 millions d’euros courant octobre, pour sa solution d’automatisation de rédaction de documents et d’opérations juridiques.

Si l’année 2021 témoigne d’ores et déjà d’une forte reprise des levées de fonds sur le marché des LegalTechs françaises, cet indicateur, seul, reste insuffisant pour affirmer une reprise franche de la croissance du secteur. Pour se faire une idée plus précise, il est nécessaire de s’intéresser à deux autres indicateurs : le nombre de Legaltechs créées et les annonces de nouveaux projets et de partenariats.

Les LegalTechs créées en 2021 et les nouveaux projets

Bien qu’il soit encore tôt pour connaitre le nombre exact de nouvelles entreprises créées en 2021 ou les nouveaux projets inhérents, plus de 25 LegalTechs, nouvelles ou déjà existantes, ont récemment fait des annonces de nouveaux projets à l’occasion d’une enquête menée par Village de la Justice. Par exemple, LitiDesign qui a été créée par le cabinet d’avocats : De Gaulle Fleurance & Associés et Case Law Analytics. LitiDesign est une solution d’intelligence artificielle permettant de quantifier l’aléa judiciaire pour les contentieux de la contrefaçon de modèles et de dessins. Il est particulièrement intéressant de relever que ces acteurs avaient déjà collaboré et donné naissance à Litimark, une solution de quantification du risque en matière de contrefaçon de marques.

Les annonces de partenariats, voire les alliances, constituent également de bons indicateurs témoignant de la dynamique d’un marché.  A ce titre, nous pouvons relever l’annonce faite par infolawyers.fr (Legaltech d’avocats fondée par Me Jean-Philippe Touati et Me Henri de la Motte Rouge) de soutenir l’Association Droits d'urgence qui intervient pour l’accès aux droits des plus démunis et plus particulièrement la plateforme DroitDirect.fr dédiée aux victimes de violences conjugales. 

S’agissant de l’écosystème notarial, plusieurs annonces de partenariats favorisant l’interopérabilité des solutions sont à mentionner. Notiplus a annoncé en juillet 2021 un partenariat avec Genapi, N°1 des logiciels métiers à destination du notariat. Notiplus est, quant à elle, une solution de gestion 100% dédiée à la transaction immobilière et labellisée par le Conseil Supérieur du Notariat. Le but de ce partenariat est la création d’un véritable écosystème numérique de la transaction immobilière avec Notiplus (solution de gestion de la vente immobilière) et iNotActes (solution de rédaction d’actes notariés) au travers d’une intégration logicielle. Celle-ci permet, entre autres, aux notaires et à leurs collaborateurs d’accélérer la gestion des ventes immobilières et de simplifier la communication avec leurs clients et partenaires. FoxNot et Fiducial ont également annoncé un partenariat en Septembre. La plateforme FoxNot propose désormais à ses clients le déversement automatique des informations des dossiers dans le logiciel Signature de Fiducial supprimant désormais la double saisie, et ainsi optimiser le parcours clients.

Enfin, certaines Legaltechs ont choisi de s’allier au sein d’un même groupe (France Digitale). Selon Christophe Roquilly, Professeur à l’EDHEC, le but de ce genre d’alliance est de : « réunir, mais également de fédérer différents acteurs […] il s’agit, d’une collaboration entre compétiteurs ».

France Digitale a pour but de réunir, mais également de fédérer différents acteurs, de créer une verticale. Il s’agit d’une collaboration entre compétiteurs. 

Christophe Roquilly, Professeur et Directeur de l'EDHEC Augmented Law Institute

Des perspectives encourageantes pour les LegalTechs françaises d’ici la fin de l’année

La forte reprise des levées de fonds pour les LegalTechs et les annonces faites par celles-ci pour la fin de cette année, sont de bons indicateurs d’une reprise de l’activité sur le marché des LegalTechs et de leurs investisseurs, et ce d’autant plus que cette tendance semble être confirmée par les dernières publications et interventions des experts dans ce secteur.

En effet, selon une étude menée par France Digitale – première organisation de start-ups en Europe et qui compte 29 LegalTechs parmi ses membres – les LegalTechs françaises génèreront plus de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 et auront plus de 600 postes à pourvoir. Cette étude va plus loin en affirmant que les Legaltechs sont entrées dans une « phase d’hypercroissance » alimentée par une augmentation des levées de fonds et des recrutements. En effet, près de 60% des Legaltechs de France Digitale sondées ont déjà prévu de lever 50 millions d’euros entre 2021 et 2022 et, estiment à 1000 le nombre total de leurs salariés au cours de la même période.

Les récentes interventions des acteurs du secteur permettent également de se faire une idée plus précise des tendances à venir sur le marché des LegalTechs. Ainsi lors du Legal Tech show qui a eu lieu au cours du dernier Sommet du Droit cette année, les juristes, professeurs, avocats et entrepreneurs dans ce secteur ont dressé plusieurs constats. Si leurs avis convergent dans le même sens que l’étude réalisée par France Digitale quelques mois plus tôt, à savoir que les perspectives de croissance du marché sont encourageantes, ils précisent toutefois leurs opinions en ajoutant que les LegalTechs françaises devront franchir certains obstacles pour y arriver. Plus exactement et selon Gregoire Hanquier, directeur juridique, conformité et affaires publiques de Data Legal Drive, si « les produits de la Legaltech française s’exportent déjà dans toute l’Europe et le « made in France » est reconnu comme un gage de qualité », les LegalTechs devront, notamment, être en mesure de rassurer les entreprises les plus méfiantes et leur démontrer qu’elles sont capables de les accompagner dans la conduite du changement, grâce à leurs solutions innovantes.